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André Michel, le nouveau démon ! 

Angélisé puis démonisé, André Michel est l’archétype du politicien haïtien. Capable de passer d’un extrême à un autre en un clin d’œil. Celui qui s’était fait affectueusement appelé « Avoka pèp la » est un loup solitaire qui, au gré des conjonctures, se positionne d’un côté ou de l’autre de la savane. Aucun ancrage. Aucun souci du qu’en dira-t-on. Il avance, la tête dans le sable ! Personnage honni il ne peut plus circuler dans les rues sans une escorte d’agents de police. 

C’est un politicien dont le parcours atypique est fait de folles contradictions, également de contrepieds incroyables. Son divorce avec Newton Louis Saint-Juste avait laissé les observateurs bouche bée. Notamment, dans un contexte particulier où les deux hommes avaient mené une lutte acharnée contre Michel Martelly et le pouvoir « Tèt kale ». Les élections et la volonté de prendre le pouvoir ont eu raison de leur amitié. 

La réconciliation qui s’annonce entre les deux hommes, à un moment crucial où Me Newton postule pour représenter le secteur Vaudou au Conseil électoral provisoire en gestation, a tout l’air d’un autre mauvais coup concocté par ce prédateur insatiable pour rester au timon des affaires. Sa politique n’est plus, s’il en était, infléchie vers l’intérêt de l’État ou du collectif, mais vers l’intérêt de ses nouveaux groupes d’amis suggérés par la conjoncture.

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Dans sa nouvelle posture, André Michel a cessé de regarder la réalité en face. Les problèmes qu’il dénonçait, comme par enchantement, se sont dissipés. Les crises qui ont miné la République durant ces dernières années ont toujours trouvé en lui un porte-voix. Mais, son usage malhabile de la communication de crise, sa posture de progressiste immobile et son orgueil revanchard, ont fait de lui une figure non conciliante, un homme acariâtre, isolé au milieu de ses pairs et de son petit groupe.

Bien que le petit bonhomme instable n’ait jamais développé le sens de la mesure, il avait su se positionner en avant-scène, en animateur de macadam. Son extrémisme a contribué à exacerber cette crise multiforme qui fait obstacle au progrès du pays. Et ce repositionnement imprévu et insoupçonné dans les camps de l’ennemi d’hier, lui vaut de faire partie du lot des personnages les plus détestés du pays.

L’un des éléments qui a toujours été constant dans le discours de l’avocat, est son refus de dialoguer. Un refus affiché tant à l’égard de Michel Martelly que de Jovenel Moïse. Alors que le gouvernement d’Ariel Henry, selon ses propres mots, est une autre version du pouvoir PHTK, Me Michel a trouvé non seulement un moyen d’y glisser ses pions dans des postes de pouvoir, il en est même devenu le plus fervent défenseur. Nouvel apôtre du dialogue, ses invitations, un brin provocateur, restent sans réponse.

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Au début de l’ère Henry, alors même que Jovenel Moïse le désignait comme Premier ministre, André Michel était le premier à monter au créneau pour le dénoncer comme étant un représentant du puissant chef de gang du bas-Delmas : « Barbecue.» Cette prise de position tapageuse ne l’a pas empêché de s’allier à M. Henry jusqu’à en devenir le plus fervent défenseur. Un positionnement qui passe mal dans l’opinion, à un moment où la population fait face à une vague d’insécurité sans précédent. Sa participation dans les mises en scènes de l’« interincompréhension » des secteurs, savamment réalisées par le pouvoir en place, pour plaire à l’international, est un élément de blocage de plus qui alimente la polémique entre les acteurs de la vie politique.

Cette alliance qu’on aurait pu donc qualifier de contre nature avec PHTK semble être un mariage consommé. S’il est vrai qu’André Michel a toujours signifié que PHTK représentait l’axe du mal, avec la création des gangs et surtout le pillage systématique des caisses de l’État, il parait confortable dans  cette posture de nouveau démon, profitant des largesses du pouvoir.

En fait, connaissait-on sa véritable nature ? Peut-être que c’est la majorité, plongée dans l’euphorie des luttes anti-pouvoir, qui s’était grandement trompée et qui n’a pas su déceler sous cette folle audace qui caractérisait les prises de position de Me Michel, la cupidité et cette honteuse mégalomanie qui somnolaient. En tout cas, l’heure est venue de nous réveiller et d’arrêter de construire nos propres démons, parce qu’à la fin, se sont eux qui nous dévorent.

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Jean Corvington
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