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Je conseille aux membres du Conseil

Je ne dénonce pas, ni je ne critique non plus, mais je conseille.

En ma qualité de citoyen lucide et avisé, je suis conscient que j’aborderai la question la plus difficile qui soit, le partage de pouvoir en Haïti, si ce n’est la bataille pour le pouvoir. Bref, la question qui fâche.

D’entrée de jeu, en toute sincérité, je suis totalement et radicalement opposé à ce Conseil présidentiel de sept (7) membres + deux (2) ou de neuf (9) membres deux (2). Cependant, pour sauver le pays qui est en agonie, qui trépasse, je me trouve, malgré moi, dans la pénible obligation d’y adhérer, en vous donnant le bénéfice du doute. Tenant compte des coups bas, des pratiques malhonnêtes et des manœuvres déloyales dans la politique  de ce pays, je n’ai jamais été d’accord avec cette formule étrange et bizarre, dépourvue de toute rationalité. Cependant, j’accepte l’idée, car il y a urgence, il y a même péril dans l’urgence, pour sortir le pays de l’ornière. Est-elle constitutionnelle cette gymnastique, voire légale ? La question n’est même pas là, car la réponse est connue de tous. Par contre, des questions fondamentales et indispensables s’imposent :

Pourquoi c’est encore et toujours vous et non les autres ? Etes-vous conscients que vous avez été utiles au pays dans votre passé? Pourquoi pas un exécutif bicéphale, avec un Président et un Premier ministre, en lieu et place de cette invention irrationnelle et illogique qu’est le Conseil présidentiel qu’aucun Haïtien ne voit d’un bon œil, sauf les bénéficiaires?

Vu l’urgence de l’heure, je ne suis pas là pour dénoncer, ni critiquer, mais plutôt pour prodiguer des conseils de bons sens aux membres du Conseil présidentiel qui ont la lourde responsabilité de sauver le pays, de le sortir du gouffre infernal, malgré eux. Je vous demande d’aller vite, sans pour autant confondre vitesse et précipitation, de peur de la colère populaire. Le pays nous appartient tous.

De prime abord, au risque de vous déplaire, Madame, Messieurs du Conseil présidentiel, je vous dirai que les Haïtiens en transit qui n’ont aucun attachement au pays et les traîtres nationaux sont d’une dangerosité beaucoup plus suicidaire pour la nation que les étrangers qui sont des vrais faux amis d’Haïti. Vous devez le savoir. J’en profite, en passant, pour vous dire que les richesses du pays sont le patrimoine commun des Haïtiens. Suivons l’exemple des habitants de Ouanaminthe, (KPK) Kanal  la pap kanpe et celui des habitants de Malfeti, (KPR) Kanal pi rèd, pour la reconstruction du pays. Saviez-vous que KPK et KPR se sont mis ensemble pour lever le défi de la malnutrition qui ronge le pays ? Construisons des citoyens pour pouvoir construire le pays, et tout cela ne peut se faire que par l’éducation.

Ensuite, sachant que vous n’avez pas assez de temps pour vous informer, je vous dis que les portes de presque toutes les institutions scolaires à Port-au-Prince sont fermées depuis plusieurs mois. Je vous informe qu’il y en a qui sont parties en fumée, au vu et au su des forces de l’ordre, et je précise tout de suite pour vous dire qu’il ne s’agit pas de catastrophes naturelles comme celles qui se sont abattues sur Dubaï. Je vous informe aussi que le centre-ville de Port-au-Prince est totalement rasé, comme s’il y avait un tsunami impitoyable. Dois-je vous dire que les centres hospitaliers, les pharmacies, les centres universitaires, les centres commerciaux ne sont pas épargnés de la furie de cette forme de révolution à l’haïtienne ? Quant aux cadavres, ils sont partout dans la ville, dans tous les quartiers, sans discrimination aucune. Les chiens errants sont très heureux, ils n’ont plus faim. Les porcs se mêlent aussi de la partie, car il y en assez, voire beaucoup trop. Dois-je vous dire également que la faim et la misère tenaillent la population, que des Haïtiens en meurent quotidiennement ? Dois-je vous dire que l’étau de la cannibalisation se resserre davantage, de jour en jour, sur la population ? Il y a urgence et péril dans l’urgence, vous avez du boulot, donc pas de sinécure. Avez-vous entendu la voix du chef de la révolution qui se proclame et s’improvise historien, à la date du 21 avril 2024, qui ordonne à ses sbires impitoyables d’incendier, sans exception, toutes les maisons à Delmas sans se poser de question ?

En tout cas, je dois vous informer quand bien même que s’il n’y a pas de crimes contre l’humanité en Haïti, le crime d’inhumanité se commet quotidiennement sur les populations par des dirigeants qui ont peur de négocier avec les pays dits amis, sous peine d’être sanctionnés. Je vous conseille, Madame, Messieurs, de faire comme si vous étiez des Haïtiens dignes de ce nom, comme si vous aimiez le pays, comme si vous n’étiez pas des traîtres à la nation. Permettez-moi de vous dire que les étrangers, vos homologues, sont des démocrates, ils aiment le dialogue franc, la négociation. N’ayez pas peur de leur parler les yeux dans les yeux, en ayant le courage de leur dire que nous avons aussi une Constitution en Haïti.

 Enfin, je vous rappelle que vous avez fait le choix de servir le pays et non de vous servir, dans le moment le plus difficile de notre histoire de peuple, comme le feraient des héros, des altruistes, pour sauver le pays qui fait le grand plongeon dans le gouffre infernal. Ainsi, je vous dois une fière chandelle pour avoir accepté cette tâche si difficile et je vous donne ces conseils :

Premièrement, si votre famille se réfugie à l’étranger pour se mettre à l’abri, par peur de l’insécurité, pour une éducation assurée et de qualité, vous ne pourrez pas diriger le pays, car vous êtes en situation de transit. Votre famille, votre femme, votre mari et vos enfants doivent être au pays, pas de manière provisoire, juste pour la transition, mais pour y vivre comme citoyens à part entière. Les membres du Conseil présidentiel, du gouvernement, les hauts fonctionnaires de l’Etat doivent se faire soigner au pays comme le reste de la population. Ainsi, vous serez obligés de prendre en considération les infrastructures sanitaires du pays. Bien sûr, vos enfants peuvent être à l’étranger pour des études supérieures (en Master et en doctorat), mais pas pour fuir l’insécurité.

Deuxièmement, tous les ministres, secrétaires d’Etat, directeurs généraux, grands commis de l’Etat, doivent avoir leur famille au pays. On ne doit pas confier la gestion du pays à des gens en transit qui ne font que de l’argent et qui n’ont aucun souci patriotique, des gens qui enrichissent d’autres pays. Il est inconcevable que les membres du haut état-major de la Police et de l’Armée d’Haïti soient en transit au pays. La sécurité est le premier des biens de l’homme. Elle est trop précieuse et trop fragile pour la confier à des gens qui ont beaucoup plus d’intérêts à l’étranger qu’en Haïti. La famille de tous les dirigeants doit être au pays, ce qui les obligera à  prendre conscience de leur gestion, dans l’accomplissement de leurs missions. Dans aucun pays du monde, sauf en Haïti, le directeur général de la Police et le commandant en chef de l’Armée ne cachent leur famille à l’étranger, par peur de l’insécurité. Quelle absurdité !

Troisièmement, vous avez devant vous, Madame, Messieurs, cette alternative, sortir la tête haute dans cette noble et difficile tâche ou finir dans la poubelle de l’histoire. En toute humilité et pour l’amour du pays, je vous conseillerais, en tant que patriote, de faire choix de la deuxième proposition. Ne soyez pas des Conzés pour la Nation. Diviser pour régner est dans l’ADN des autres. Votre dignité et votre honneur valent plus que l’argent, qu’un visa, qu’une résidence à l’étranger. Chaque citoyen du monde aime son pays, c’est une loi naturelle, l’Haïtien ne doit pas être l’exception. Aussi, dois-je vous conseiller de faire choix des citoyens à la moralité incontestée, intègres, dignes et honnêtes, des hommes et femmes compétents et de bonne volonté, des hommes et femmes de caractère pour faire partie de ce gouvernement de sauvetage national. Le pays est en coma, faites quelque chose pour le sauver et toute la nation vous en sera reconnaissante.

Quatrièmement, pour finir, je vous annonce que vous avez une lourde responsabilité devant vous, celle de donner l’espoir aux Haïtiens, toutes couches sociales confondues, ceux et celles qui  décident de ne jamais fuir le pays. Vous avez la responsabilité de redonner la dignité et la fierté aux nationaux où qu’ils se trouvent sur la planète Terre. Enfin, je vous rappelle qu’il y a des Haïtiens qui aiment Haïti de tout leur cœur, de toute leur âme et de tout leur être, ils vous donnent le bénéfice du doute. Étonnez-nous. Vous êtes là dans ce Conseil présidentiel, sans qu’on sache selon quels critères de sélection, on en est d’accord parce que nous ne voulons pas que le pays disparaisse et qu’il tombe aux mains des pires ennemis de la nation. Je vous prie d’en tenir compte et de faire attention. Le peuple n’est pas dupe, il ne le sera jamais. Sachez que des Haïtiens meurent de faim à cause de la voracité, de la rapacité et surtout de l’inhumanité de certains dirigeants sans scrupule. Epargnez le trésor public de nouvelles flottes de véhicules, il y en assez, voire trop, au Palais national comme à la Primature.

Avant son assassinat odieux, le professeur et bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince, Monferrier DORVAL, a eu la clairvoyance d’écrire son dernier ouvrage « Droit constitutionnel de la nationalité », où il a écrit : « Etre Haïtien était une fierté. Il était même interdit à un Haïtien de se naturaliser et à la femme haïtienne d’épouser un étranger. Sans nous isoler, nous avons aujourd’hui la responsabilité de sauvegarder et de préserver cette fierté ! Pour cela, il nous faudra remettre l’Etat au service des nationaux » (Réf. : p-27). Haïti est aux Haïtiens, les richesses du pays sont le patrimoine commun des nationaux, juste un rappel. Le pays ne doit pas être un enfer pour les Haïtiens et un paradis pour les étrangers. Les Haïtiens de la diaspora ne sont pas au paradis dans le pays des autres.

J’ai failli oublier de vous dire ce qui est le plus important : dans la construction du canal à Ouanaminthe, l’argent est dépensé avec transparence, sans la moindre corruption, et c’est la même situation pour celui de Malfeti. Marchez sur les traces de ces Haïtiens intègres, gérez le pays de manière à redonner la dignité aux Haïtiens, pas comme vous gérez votre boutique. Il n’est pas de trop de vous dire que le pays tout entier a peur parce que vous avez peur, Madame, Messieurs les Conseillers présidentiels. Pardon, vous ne conseillez à personne, vous êtes des Présidents, tout simplement. Avez-vous tenté de fuir le Palais national, votre résidence constitutionnelle, le lieu de votre installation, parce que les hommes armés vous mettent en défi, ou s’agissait-il d’un poisson d’avril, ce 25 avril 2024 ? Pour combien de temps ? La peur était visible lors de votre installation. Vous n’avez pas, en tant que dirigeants, le droit d’avoir peur, vous devez faire peur, pas aux gens de bien, mais aux criminels impitoyables. La peur doit changer de camp. En passant, je vous signale que le sport pourrait sauver le pays, car les talents n’en manquent pas. Ce n’est pas Melchie Daelle DUMORNAY qui vous dira le contraire. Afin que vous ne prétextiez ignorance, je vous informe que Lourdjina ETIENNE est victime des conséquences des inconséquences des autorités haïtiennes.

Mesdames, messieurs les membres du CP et du gouvernement à venir, votre destin est devant vous : sortir la tête haute ou finir dans la poubelle de l’histoire. Je veux croire que vous aussi, vous aimez Haïti, faites le meilleur choix pour sauver la Patrie, pour ne pas payer les conséquences des inconséquences de vos actes.

Du succès dans votre choix héroïque !

Salutations patriotiques et sincères

Jean Barnave CHERON, citoyen patriote.

jeanbarnavecheron@gmail.com

La Rédaction
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