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La défaillance des affairistes

 

Par Corvington Jean

Cynisme. Insolence. Les plus hautes autorités du pays auront grandement prouvé leur incapacité devant la misère de la population victime du séisme du 6 octobre 2018. Entre les discours officiels et la réalité sur le terrain, il y a des années lumières. Entre les conciliabules dans les salons et bureaux de Port-au-Prince et le dur labeur que vivent les habitants des villes meurtries, il y a tout un fossé. De l’incompétence. De l’amateurisme pur jus. Les affairistes s’affirment de plus en plus.

De l’aide. Ils ont en besoin. Les gens souffrent amèrement. Pire encore, on est en temps de pluie avec le passage du front froid. Il pleut sur les villes du Nord, du Nord’Ouest et de l’Artibonite. Celles qui sont encore sous les décombres. De la poussière et de l’eau pour les rescapés du séisme du 6 octobre. Ils en ont encore à profusion. Les enfants. Les femmes enceintes. Les handicapés. Les plus faibles et les déshérités continuent leur chemin de croix.

L’aide peine à être acheminée sur le terrain. Les premiers besoins sautent aux yeux. Besoin de s’abriter. Besoin de se nourrir. Besoin de se vêtir. Besoin de kits hygiéniques. Tout est prioritaire. Alors que les structures étatiques disent coordonner de l’aide au plus haut niveau, mais l’acheminement semble être bloqué. Pourtant, les organisations non-gouvernementales doivent, en dépit de leur autorisation de fonctionnement, être munies d’un permis avant d’acheminer de l’aide sur le terrain. Malgré tout, la bonne coordination est loin d’être concrête.

Les victimes sont nombreuses et multiples. Rien que dans la commune de Gros-Morne plus de 500 maisons sont totalement détruites. Plusieurs milliers endommagées. Des blessés, on en compte par centaine. Une addition plus que salée. Cependant, le gouvernement continue de tâtonner. Les autorités ne peuvent même pas rassurer. De quoi faire peur. Et les affairistes fourbissent leurs armes pour augmenter leur capital. Les vautours sont en fête.

Le temps du show off est révolu. La consommation médiatique ne saurait être une panacée. 48 heures après la visite d’une délégation de haut niveau emmenée par le chef de l’Etat, aucune suite n’est encore donnée. Pas d’eau potable. Pas de bâches. Les centres de santé sont dépourvus de tout. Que font nos autorités? De quoi parlent-elles en réunion? La République du sauve-qui-peut ne fait qu’accentuer de plus en plus et le pays en dehors se renforce.

Les institutions privées et publiques font la sourde oreille. Les médias de la zone métropolitaine de Port-au-Prince passent déjà à autres choses. Leurs contrats de publicité ne sont pas menacés. A quoi bon de consacrer du temps de parole à l’arrière cour du pays si ces petites villes ne peuvent même contribuer à la fin du mois. Des réflexions mercantilistes. Les affairistes sont partout. Ils perdent définitivement les pédales. Ils sont loin de saouler une population abandonée dans le barkyard de la pocherie et se nourrit de l’air, de la poussière et des eaux de pluie.

Corvington Jean

Jean Corvington
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