Il est mort. Mort et enterré. Le très respectueux Georges Moïse est parti pour l’au-delà en toute simplicité. Dans un silence sonore, l’ancien président de la Cour de Cassation a été inhumé sans le moindre hommage des institutions étatiques pour lesquelles il a travaillé pendant presque toute sa vie. Remords.
Georges Moïse a franchi toutes les étapes du pouvoir judiciaire avant de prendre sa retraite en 2012 avec l’avènement de Michel Martelly au pouvoir. De la première marche jusqu’au sommet. Il fut ministre de l’Intérieur et des Collectivités territoriales sous le gouvernement de Gerard Latortue avant d’être tour à tour, vice-président et président a.i de la plus haute instance du pouvoir judiciaire. Il est reconnu pour sa rectitude. Ce fut un homme vertical et qui ne plie pas l’échine. Il est resté, pendant tout le mandat de René Préval, président intérimaire de ladite Cour. Le succusseur de Préval a voulu faire du chantage pour le garder, il n’a pas bronché et a préféré de partir.
Cette humilité l’a suivie jusqu’à sa dernière demeure. Grande fut la réaction de certaines personnes en voyant la façon dont l’Etat haïtien a traité monsieur Moïse. Pas une note du ministère de l’Intérieur. Pas un hommage de la Cour de Cassation. Rien dutout. Il est enterré comme un vulgaire anonyme. Comme il l’avait rappelé dans ses mémoires sorties chez C3 Editions, Au gré de la mémoire, Le salaire de l’intégrité. La plupart des associations de magistrats se sont tues. Sauf celle dirigée par Me Ikenson Edumé. Georges Moïse semble avoir été déjà jeté aux oubliettes avant sa mort.
Le départ de ce grand serviteur de l’Etat n’a pas fait grand bruit. Il a peut être payé sa droiture et son intégrité, qualités rares dans la société d’aujourd’hui. Les défenseurs des droits de l’homme et les responsables d’associations travaillant dans le secteur, pourtant toujours en première ligne, avait longtemps jeté dans le panier de l’oubli de l’un des plus dignes fils la magistrature haïtienne. Georges Moïse a servi le pays et a laissé des traces indélébiles. Mais son intégrité semble avoir embarrassé certaines personnes. Voilà le salaire que réserve le système à ses humbles illustres serviteurs.
Jean Corvington
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