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Haïti/Société: La vie des Cocorates au temps du coronavirus

Les enfants de rues en Haïti sont estimés à plus de 20 mille selon les derniers chiffres du Fond des Nations Unies pour l’Enfance (Unicef). Originaires des quartiers les plus peuplés et des grandes villes du pays, ces derniers vulgairement appelés cocorates font flèche de tout bois pour répondre aux exigences du quotidien en cette période de crise sanitaire liée au nouveau Coronavirus. À Port-au-Prince, notamment au Champ de Mars, au Carrefour de l’aéroport et au Carrefour Trois mains, ces oubliés malgré les consignes, ne chôment pas. Ils se disent obligés de partir à la recherche du pain quotidien malgré tout. Mauryle Azaine avait rencontré quelques-uns dans l’ère métropolitaine de Port-au-Prince.

Le soleil s’appretait à se profiler à l’horizon, des gens s’empressent de rentrer chez eux. Sous le Viaduc du Carrefour de l’aéroport, ils étaient plusieurs, pieds nus, vêtements abîmés, cheveux ébouriffés. Ils discutent. À l’origine, un passant pitoyable leur avait donné cent gourdes. N’ayant pas trouvé la formule pour partager la somme, ils s’entretuent. Le plus âgé, Jackson, 13 ans, originaire de Delmas 2, n’a pas voulu partager arguant qu’il n’y aura pas pour tout le monde. Exaspérés, ils décident d’en venir aux mains. Témoin du fait, on est arrivé pour aider à gérer la situation. Et le plus petit, Sonson, 8 ans, originaire de Simon Pélé nous fait ces confidences: » « Boss la », on est au Carrefour depuis ce matin. Les chauffeurs ne veulent plus collaborer avec nous, les passants ne donnent absolument rien. J’ai seulement 60 gourdes. Il se fait tard. Pas possible que Jackson décident de prendre à lui seul les 100 gourdes » se plaint-il avec un visage prêt à exploser.

Les cocorates et le coronavirus

Comme des pères de famille, employés, et obligés à sortir, ces enfants aussi, dans la plupart des cas, responsables de famille, sont obligés de prendre les rues. Ils mangent, dansent, jouent dans les rues. La question du lavage des mains et le port du masque ne leur concerne pas semble t-ils. Jackson explique qu’il a entendu parler de la maladie et de sa présence dans le pays mais explique qu’il doit sortir car sa vie dépend de ses « brasses ». Ses autres camarades sont aussi dans la même situation . » Oui j’ai entendu les gens près de chez moi parlent du coronavirus. Ils disent que c’est une maladie qui peut nous tuer si on ne se lave pas les mains. Mais moi, je ne le fais pas. Je passe presque toute ma journée dans la rue. Si j’achète quelques sachets c’est pour étancher ma soif, nous a confié le gamin de 13 ans. Au sujet (bagay pou met nan figiw la) des masques, nous n’avons pas de moyens pour ces choses, poursuit-il tout en minimisant les conséquences de la maladie sur lui et ses camarades de rues. « kowona se pa pou nou », ont-ils fulminé.

Le cocorates sont-ils moins vulnérables?

À cette question, le docteur Ismont Desrosiers explique que les enfants des rues ne sont pas immunisés contre la maladie. Il admet cependant que l’organisme de ces enfants qui vivent quotidiennement dans des endroits où l’insalubrité bat son plein manifeste une certaine résistance aux germes des maladies. Ce qui sous entend pour lui, la possibilité pour qu’un enfant pareil rattrape la maladie par rapport à une autre personne vivant dans de bonnes conditions hygiène est beaucoup moins. Mais ce n’est pas une raison pour les laisser dans leurs pratiques.

Sources de contamination

Si les enfants des rues ne sont pas vulnérables aux mêmes rangs que les autres, ils sont en réalité un danger. Une source de contamination pour leurs parents. Dire que ces enfants là sont moins vulnérables, ne signifie pas qu’ils ne peuvent être contaminés. Et dans la plupart des cas, ils seront symptômatiques, poursuit le docteur Desrosiers. Une idée que partage Guirlande Mesadieu de la Fondation Zanmi Timoun. Un enfant contaminé est capable de contaminer toute une famille. En ce sens, le docteur Desrosiers croit qu’il serait important pourqu’il y ait une prise en charge responsable de ces enfants à fin d’eviter le pire.

Quid des organisations defendant les droits des enfants ?

Questionnée au sujet de la prise recharge des enfants des rues en cette période de crise sanitaire, Mme Guirlande Messadieu, responsable de la Fondation Zanmi se dit inquiète du traitement infligé à cette couche vulnérable. » L’Etat ne tient pas compte de la population n’en parlons pas pour les enfants de rues, a-t-elle déclaré avec humour. Nous, au niveau de la Fondation nous avions organisé dans certains quartiers de la capitale des distributions de kits hygiéniques aux parents. Mais avec notre faible moyen nous ne pourrions pas atteindre tous les quartiers, a expliqué la responsable. Pour sa part, Stanley Duclair, de la Fondation Zafè Timoun, explique que lui aussi il ne comprend pas l’attitude des autorités face aux contrats en ces circonstances difficiles. Le comité directoire planifie des activités pour ces enfants annonce monsieur Duclair. « Des infirmières viendront pour des séances de formations avec eux sur les différentes places de la zone métropolitaine. Des kits hygiéniques seront distribués aux enfants présents », poursuit-il.

L’Institut Bien-Etre Social et de Recherche aux abonnés absents

Attaché au ministère des Affaires sociales et du Travail, l’Institut bien social et de la Recherche dirigé par Jeanty Arielle Villedrouin, décriée après le drame de l’orphélinat de la bible garde un profil assez bas. Comme l’avait dit la directrice de la Fondation Zanmi Timoun, Guirlande Mesadieu, aucun plan n’a été fait pour ces enfants oubliés en cette période difficile. Aucune annonce médiatique non plus n’est faite à ce sujet. La dernière fois madame Villedrouin avait abordé la question des enfants de rues, elle expliquait un ensemble de problèmes structurels l’empêchant à prendre de grandes décisions concernant la situation de ces enfants. Elle avait indexé certains parents qui prennent plaisir à laisser leurs enfants pratiquer le métier des rues.  » C ‘est rentable pour eux ». Les enfants du centre de Delmas 3 où certains d’entre-eux étaient gardés ont du rapidement regagner les rues. S’agit-il des mêmes raisons pour lesquelles aucun plan n’a été fait ? Contactée pour savoir les vraies raisons, le numero un de l’IBESR n’a pas répondu.

S’il est vrai que des plans sont annoncés pour venir en aide à la population, les enfants des rues, les cocorates sont encore et toujours au rangs des oubliés. Dans les grands discours médiatiques des autorités du pays, cette couche n’est pas citée. S’il est vrai que les recherches montrent que ces enfants sont moins vulnérables, mais rien n’empêche que des mesures soit prises pour les contrôler leurs pérégrinations pour qu’ils ne soient des sources de contamination. Ces gamins font aussi partie de la population.

Azaine Mauryle

Jean Corvington