Ariel est dehors ! Hors de nos frontières, pour être plus précis. Il reviendra, peut-être ! Mais rien n’est gravé dans le marbre. Le Premier ministre, avec son air débonnaire est perçu comme une source de nuisance. Les bandits que son administration a couvés, tolérés, sont aujourd’hui les principaux obstacles à son retour en Haïti. Nul doute, M. Henri est le personnage le plus honni de la République.
Après plus de trente mois de gouvernance, Ariel Henri et son équipe représentent une catastrophe innommable. Ils doivent tous démissionner. Leur incompétence est flagrante. Le pays n’a jamais touché ce basfond. Cette humiliation est un rappel cinglant qu’il faut d’abord compter sur soi avant de quémander à l’étranger. En faisant de son pays une entité chaotique ingouvernable, Ariel Henri a eu un retour sur investissement à la hauteur de ses actes.
Outre l’insécurité généralisée, cet aveuglement à la dimension criminelle du gouvernement dans sa connivence avec les gangs armés frustre. Et ce n’est donc pas un hasard que les annonces pompeuses sur les réseaux, informant sur la volonté de ces gangs d’envahir le pénitencier national et d’y libérer des prisonniers, n’a nullement capté l’attention des autorités. En Haïti, le crime, dans sa dimension plurielle, devient un outil politique efficace entre les mains de nos dirigeants.
Au grand Dam de la population, désormais les criminels incarcérés dans les deux plus grands centres de détention du pays, vont grossir les rangs des bandits déjà bien garnis. Mais ce qui frappe le plus l’opinion, est l’indigence des Forces armées totalement démunies face à cette situation d’anarchie provoquée. Les cadavres qui jonchent les rues, sont dépecés à l’envi par les chiens errant. La Police a déserté les rues, comme si les agents de l’ordre avaient reçu un ordre de repli. Les commissariats brûlent. Aucune réponse de l’État.
Pourtant, pour planifier le retour du Premier Ministre Henri, une force imposante a été déployée à l’aéroport international Toussaint Louverture. Comme souvent, ce fut trop tard. Le mal était déjà fait. L’avancée des gangs vers ce point stratégique leur a offert une longueur d’avance. Dans ce climat d’opacité organisée et de criminalité entretenue, les hypothèses que cette situation chaotique est provoquée par le gouvernement trouvent bon écho dans le pays.
La population abandonnée à son sort et livrée aux bandits munis d’armes de guerre qui font les lois dans les quartiers populaires, se perd dans ce marasme. Ces soupçons son renforcés par cette fin de non-recevoir infligée par l’Administration américaine à Ariel Henri. En effet, le PM de facto comptait sur les États-Unis pour se maintenir au pouvoir, mais les responsables lui ont refusé toute aide militaire, même pour assurer son retour en Haïti. Il devra prendre son mal en patience, du côté de Porto-Rico a-t-on appris, en attendant la reprise des vols commerciaux sur Haïti. Une honte ! Malheureusement c’est une faculté que nos « chefs » ont longtemps perdu.
La force Militaire multinationale de Soutien à la Sécurité est également dans l’impasse. L’arrogance du Premier Ministre qui annonçait, il y a quelques jours qu’il réaliserait des élections dans le pays en août 2025, comme pour signifier qu’il ne laisserait pas le pouvoir avant le 7 février 2026, en a pris un coup. Personne ne peut prédire l’avenir de l’équipe au pouvoir. Car, si la PNH n’est pas encore en rébellion, la frustration enfle. Frantz Elbé n’a pas l’étoffe d’un chef de Police. Personne n’a fait pire en matière de gestion des forces publiques depuis la création de la PNH.
Le Conseil Supérieur de la Police Nationale, avec notamment le Ministre de la Justice et le Ministre de l’Intérieur, est le symbole de cette faillite sans précédente de l’État. Aucune session de travail spécial pour tenter ne serait-ce d’apporter une solution à cette situation d’exception. Les gangs eux continuent de pousser leur offensive jusqu’au cœur du pouvoir. Les institutions qui devaient symboliser la puissance de l’État exposent sa souveraine impuissance.
Le plus grave dans cette situation d’effondrement de l’État de bandits légaux et de bandits à la solde d’une oligarchie terroriste, c’est que la classe politique n’offre aucune alternative viable. Outre les raquetteurs qui veulent se refaire une santé au sein de l’Administration de l’État, nos politiques sont frappés d’un mutisme inquiétant. La peur des sanctions peut-être, et dans l’attente d’une position claire de l’international, Ariel Henri a donc un sursis. Sa démission faciliterait grandement un retour au calme. Mais, ce n’est pas certain qu’il offre un répit au pays…
Dans cette République où s’est installée une économie criminelle gérée par une mafia locale qui a fait muter les prétendus hommes d’affaires en vulgaires escrocs, les élites sont plus que jamais méprisées par la grande masse de la population. Et le gouvernement, instrument de cette société anomique se noie dans cette eau boueuse où sont jetées en blocs les valeurs qui ont fait la grandeur de cette nation.
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