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Editorial

Haïti-Examens d’État : la nécessaire trêve !

Les syndicalistes du secteur de transport en commun ont annoncé un mouvement de grève pour les 31 juillet et le 1er août 2023, en vue de pousser le gouvernement à baisser les prix des carburants qui appauvrissent les ménages haïtiens. Confrontés à une misère atroce, cette levée de bouclier offre une lueur d’espoir aux plus démunis. Pourtant, le contexte ne se prête pas à un tel mouvement de contestations, aussi légitime qu’il puisse paraître.

Les membres des syndicats du secteur des transports n’ont aucunement l’intention, nous estimons, de grossir les rangs de ceux qui complotent contre l’intelligence en Haïti. Le sentiment de ras le bol  que suscite le silence honteux du gouvernement, ne doit nullement faire oublier l’essentiel, à savoir, d’éviter de compromettre l’avenir des générations actuelle et Future.

Face à ce dilemme, contrairement au chef du gouvernement qui fait passer l’intérêt collectif au second plan, les syndicalistes doivent identifier les priorités et éviter, en temps de guerre, d’ouvrir des brèches à l’ennemi dans leur propre camp. Les sacrifices des parents et des élèves doivent être reconnus par les secteurs qui disent ou prétendent défendre leurs intérêts.

Si par le passé, les gardiens de ce pouvoir, en panne de capacité de convocation, utilisaient l’école pour faire obstacle aux pouvoirs constitués, aujourd’hui il devient de plus en plus évident que cette méthode de lutte stérile doit changer. En effet, ce vaste projet d’abrutissement de la Jeunesse, sous couvercle de lutte politique, participe de cette volonté d’une certaine oligarchie de se pérenniser, grâce aux actions perverses des scélérats de la classe politique en panne d’inspiration et incapable de construire une offre politique, pour le moins, acceptable.

Il serait absurde de condamner les fils et les filles des familles pauvres qui, depuis plus d’une décennie, n’ont jamais connu une année scolaire complète, à un report dommageable des épreuves du bac. D’autant qu’ils n’ont aucun espoir de s’expatrier en terre étrangère pour poursuivre leurs études. Déroulée dans les conditions difficiles et même dangereuses avec le kidnapping et les affrontements spectaculaires entre gangs armés, cette année académique qui fut un long chemin de croix est un accomplissement innommable dont les examens du bac seraient une douce récompense.

Par contre, leur privés de ce strapontin serait tout à fait cynique et rappellerait les chevauchées rocambolesques d’un certain André Michel à ses heures de gloire, qui a tout fait pour enlever aux enfants le privilège de jouir de ce droit inaliénable de s’instruire, et même du droit le plus élémentaire de célébrer les Fêtes de fin d’année. L’on se rappelle de cette fameuse réplique maladroite : « malere,  malerèz pa nan fèt ». Au final, pour quel résultat ?

Attendre les grandes échéances académiques ou encore les dates de célébration des fêtes nationales pour bloquer le pays, auront permis au fil des ans d’explorer les limites abyssales des pseudo-leaders qui, en fait, ne sont que des « jobeurs »  en quête d’emplois. Aucune capacité d’innover !

Une trêve s’impose donc pour les enfants. Pour les professeurs, les parents et tous ceux qui, malgré les maladresses répétées et l’inaction préjudiciable du gouvernement, ont consentis des efforts extraordinaires pour accompagner les enfants et les amener aux portes des examens. Les syndicats doivent éviter avec cette grève nécessaire mais inopportune de se camper en bourreau face à ceux qu’ils doivent absolument rallier à leur cause.

Vive la trêve !  Tous pour les examens du bac !

Jean Corvington
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