La bataille continue ! Les groupes économiques en quête de pouvoir pour asseoir leur monopole, ont su trouver le moyen de transporter leur duel au sein du Conseil Présidentiel (CP). C’est leur nouvelle arène. Les combats y sont féroces. Aucun ne veut céder. Chaque nouvelle sortie est un acte stratégique en vue de récupérer ou de consolider certaines positions. Le pays restera encore longtemps embourbé dans cette spirale chaotique fabriquée. À bout de force, la population parait se résigner au milieu de cette situation de violence politique et sociale chronique qui empoisonne son quotidien.
Deux semaines après son installation, le CP s’enlise dans la crise. Alors qu’il devait être une conjonction des volontés des différents acteurs qui ont occupé, depuis plusieurs décennies, l’échiquier politique, il devient un vil instrument entre les mains de secteurs économiques puissants. Ce sont les Conseillers présidentiels eux-mêmes, s’accusant sur les ondes de stations de radio locales, qui ont vendu la mèche. Chaque groupe est l’instrument d’une mafia économique qui veut contrôler la transition. C’est ce qu’ils ont maladroitement affirmé, notamment après l’élection contestée du Président du CP.
Si la CARICOM peine à rassembler au bord de la table, les belligérants, c’est tout simplement parce que l’organisation régionale a visé les mauvais acteurs. En effet, c’est la main qui tient les instruments qu’il faut orienter et non l’instrument lui-même, sous peine de répéter sans cesse, les mêmes mouvements. Sans des contraintes constantes sur les principaux chefs mafieux, aucun consensus ne pourra être trouvé. Le CP sera toujours fragile et inefficace. Ces jours sont déjà comptés. Ce n’est pas la révision de la majorité décisionnelle à cinq (5) membres qui sauvera cette structure mort-née. Encore moins, une présidence tournante pour offrir dix mois de gouvernance à chaque groupe qui fera changer la donne.
Le temps parait long, mais le temps presse. Et il en manque sérieusement au CP qui, pour envoyer des signaux rassurants à la population, se devait, dans les premières semaines de son installation, de poser des actes concrets, en particulier sur la question sécuritaire. Il n’en est rien. Et la mise en place du Conseil électoral qui devait être, un autre point marquant de leur mission, pour rassurer l’international, parait aussi utopique. Les quatre-vingt-dix premiers jours sont pourtant déterminants. Vraisemblablement, le CP ne survivra pas jusque-là si rien n’est fait. Le Blanc doute et voit resurgir le mal qu’il pensait combattre. En effet, certaines personnalités honnies par les pays dits amis et les Nations Unies, reviennent au-devant de la scène.
Le valse des sanctionnés réhabilités a donc déjà débuté. Le Conseil présidentiel remet en selle, les grandes figures de la crise haïtienne placées sur la liste noire des États-Unis, du Canada et des Nations Unies. C’est un camouflet infligé à une internationale toute puissante qui se croyait débarrasser de ces démons. Outre le défilé inattendu de certains politiques en disgrâce, ce sont les vieux parrains du secteur économique qui se refont une santé politique à la faveur de ce CP tenu en laisse par le secteur économique qui énerve. La lutte contre le blanchiment, la corruption et autres crimes transnationaux dont l’Internationale s’était enorgueilli sont loin d’être gagné.
Définitivement l’espace de pouvoir en Haïti a été construit suivant une architecture du monde criminel, avec des valeurs que même la mafia ne peut renier. Le pourrissement de l’espace social participe de cette vaste entreprise de domination et de prédation mise en place par un anti-État qui ne veut plus évoluer dans la pénombre. Fort de leur capacité de recomposition des pouvoirs publics, certaines personnalités et secteurs deviennent incontournables sur l’échiquier politique, et même le Blanc n’a pas su, jusque-là, l’anticiper et trouver la parade.
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