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Haïti /Coronavirus: Les personnes en situation de handicap entre l’exclusion et l’oubli

Le pays a enregistré ses premiers cas de Coronavirus officiellement le 19 mars 2020. Ç’est le président Jovenel Moïse qui l’a annoncé et a du coup, déclaré l’état d’urgence sanitaire sur tout le pays. Et pour empêcher la propagation de la maladie, des dispositions ont été prises: fermeture des ports, aéroports, écoles, églises, usines entre autres. Le président lors de son adresse à la nation avait également parlé de mesures d’accompagnement. A date, elles restent dans le cadre de promesses, comme à son habitude. Et les couches les plus vulnérables en sont les premières victimes, à commencer par les handicapés.

Un nombre important d’handicapés en Haiti

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans son rapport mondial sur le handicap en 2012, explique que les handicapés representent 15% de la population mondiale. En Haïti, le nombre de personne en situation de handicap est estimé à environ 800.000 milles, soit 10% de la population totale du pays à en croire l’ancien secrétaire Dr Michel Peant (2007). Ravagé par le meurtrier tremblement de terre du 12 Janvier 2010 cette catégorie de personnes devient une communauté importante, avec un nombre de 4000 amputés d’après le dernier rapport publié le 16 février 2018 à Genève par le comité des droits des personnes handicapées (CDPH) : Le camp sous piste, approximité de l’ancienne piste d’aviation, le village Lumane Casimir (morne à cabrit), le Village Espoir dans la localité Levêque à Cabaret, sont les trois grands sites.

La secrétairerie à l’intégration des Personnes handicapés face à ses responsabilités

Soinette Désir, l’actuelle secrétaire d’Etat à l’intégration des personnes Handicapées joint au téléphone affirme que « des travaux sont en train d’être effectués dans le village l’Espoir à Cabaret comme : La réhabilitation et la réparation de 2.5km de route, des installations de blocs sanitaires, la réparation du système photovoltaïque, de l‘eau potable, déjà très rare puisqu’avant cette prise en charge, ces gens buvaient l’eau de rivière insalubre, la mise en place d’un projet de l’électrification, et des distributions de rations sèches ».

Au camp « sous piste », des travaux liés aux curages, ramassage d’ordure sont en train sont réalisés par le (MTPTC) et (SNGRS) et des distributions de kits alimentaires Mais, le grand travail qui reste à matérialiser est la sensibilisation de cette catégorie.

De la sensibilisation des personnes handicapées

Questionnée à ce propos, madame Désir plaide pour une sensibilisation mutuelle et collective. Elle demande aux directeurs de médias traditionnels et sociaux de jouer leur partition pour une sensibilisation concrète de cette catégorie, en utilisant des interprètes des langues des signes dans la transmission des informations. S’il est vrai que les radios et télévisions en parlent tout le temps, ils ne peuvent pas tous saisir le contenu. Nous ce que nous faisions au niveau du bureau, nous essayons de les envoyer certains messages adaptés à leur réalité. Ce n’est pas une démarche facile reconnaît la militante, mais dit croire que les sacrifices pour aider à sauver la vie de cette couche ne doivent pas être calculés.

Des handicapés non encore touchés des messages de sensibilisation

En ce qui concerne la campagne de sensibilisation lancé par les différents secteurs du pays, Cassandra regrette que les personnes en situation de handicap sont loin d’être touchés, puisque nous méritons, un traitement spécial, un regard particulier, a-t-elle prôné. Ce site compte quatre organisations, mais cela ne favorise pas sa bonne marche, a poursuivi la quadragénaire. Nous sommes là, nous entendons un mot des autorités, a-t-elle lâché avec un visage plein de doute.

De son côté Paolo, un jeune de 21 ans, vit au camp Piste avec un handicap sensoriel. Il ne s’est pas trop inquiété pour le Covid-19. Cependant, il explique n’avoir pas les moyens nécessaires pour mettre en application les consignes des autorités. Lui avec son handicap, il lui fallait une prise en charge particulière, a-t-il fait savoir.

Le Handicap, la vulnérabilité et l’insécurité

Tout n’est pas toujours rose dans les camps. A côté des problèmes liés à la prise en charge en cette période de crise, d’autres problèmes attendent toujours une solution. Cassandra Exilas vivant avec un handicap moteur, parle d’une trilogie pour les personnes au camp « sous piste » : Le Handicap, la vulnérabilité et l’insécurité. « Depuis les évènements 6 et 7 Juillet 2018,  le site fait l’objet de plusieurs attaques perpétrées par des individus lourdement armés, des tentatives d’assassinats, des cas de meurtres, des incendies de maisons » a-t-elle expliqué. Logeant également de personnes handicapées, ça favorise les tentatives de stigmatisation des agents de Cimo à leur égard lorsqu’ il y a des turbulences à l’intérieur du site, situé à quelques mètres du bâtiment de ces agents. Ils leurs traitent de voleurs, d’assassins et de complices des présumés bandits.

À l’heure actuelle, même si le pays n’est pas ou n’est pas encore frappé trop fortement par la maladie, le défi qui attend L’Etat Haïtien n’est pas mince. Si avec 40 cas confirmés et trois morts, certaines couches se plaignent de la non intervention des autorités, n’en parlons pas si l’addition devient encore plus corsée. Et dès lors, les handicapés déjà dans la liste des exclus et des oubliés se verront engloutis.

Jean Corvington