Martelly revient ! La justice lui a permis de focaliser l’attention. Chahuté et même rebuté, il y a quelques temps, l’ancien chef de l’État, sanctionné par le Canada, s’en sort cette fois sans heurts. Michel Martelly et son équipe ont su jouer avec le timing. Contrairement à d’autres anciens hauts dignitaires de l’État, il n’a pas cherché à fuir. Tout était calculé ! Comme à son habitude, il s’est mis en scène et a réussi, ou presque, son coup.
L’invitation du juge Walter Wesser Voltaire n’avait rien de surprenant. En Haïti, tout le monde croit savoir qui a tué Jovenel Moïse. Chaque citoyen interrogé a une réponse. Sauf la justice qui s’englue dans une quête interminable de coupables. Deux ans après, outre les Colombiens et les citoyens haïtiens qui avaient été arrêtés par les pays dits amis, plus rien. L’enquête patine. À dessein ! Ce dossier ne figure pas parmi les priorités du moment.
C’est là tout le stratagème pour ramener au-devant de la scène Michel Martelly, celui vers qui semblent converger toutes les attentions dans le cadre de ce dossier. Ce lundi 3 octobre, il est passé sous les radars. Aucun opposant. La rue s’est tue. Il s’est même présenté comme un bon citoyen qui respecte les institutions. Un citoyen qui veut voir avancer le dossier d’assassinat de son successeur. Et pour mettre le couvercle, il a répondu brièvement aux questions des journalistes massés devant le cabinet d’instruction du juge.
Le juge Voltaire est attendu au tournant dans le cadre de ce dossier. La plupart de ses prédécesseurs en ont profité pour finaliser leur dossier d’asile politique. Lui est encore là. Jusqu’à quand ? Face à ce qui s’apparente à une grande opération de nettoyage en vue des élections à venir, le juge est en train de jouer son avenir. D’autant que, dans l’opinion, cette démarche de M. Martelly de venir se plonger dans le bain régénérateur de la justice, constitue une anticipation pour 2024, et les élections qui devront s’y tenir.
Cette vaste opération visant à laver certaines personnalités qui, malgré la mainmise sur la justice, ne sera jamais complète, devra s’étendre, a-t-on appris à Ariel Henry. Notre fameux Premier ministre, en pleine célébration de sa victoire de faire revenir les forces internationales en Haïti, s’apprête en effet à venir également s’immerger dans le lit de la justice pour expier ses péchés et renaître aux yeux d’une population qu’il a royalement ignorée pendant plus de deux ans.
Cette mise en scène d’une réalité parallèle, malgré les sanctions internationales contre un Michel Martelly, visiblement en disgrâce devant la communauté internationale qui l’accuse de corruption et de financement d’activités criminelles, va continuer. Oui, elle va continuer, car cette réalité que tente de dissimuler la justice haïtienne échappe aux citoyens et ne traduit en rien leur quotidien.
Michel Martelly est venu, il a donc vu et entendu, puis il s’en est allé. Sauf que, et c’est un détail important, le cabinet d’instruction est un cimetière qui enterre des dossiers, mais qui, également, au gré de la conjoncture, peut les exhumer pour dévoiler des vérités cachées.
On verra !
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