En mai 2021, le journaliste, écrivain et poète Jonel Juste publiait un recueil intitulé « Mémoire de Quarantaine ». L’auteur confie que ce nouvel ouvrage est le fruit de sa mise en quarantaine l’année dernière lorsque la pandémie du coronavirus faisait rage aux Etats-Unis. Interview.
Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire « Mémoire de Quarantaine » ?
Je dirais que ce livre s’est écrit tout seul. Je n’ai pas eu à trop me fatiguer pour trouver l’inspiration. Toutes les circonstances étaient réunies pour sortir un livre pareil. La pandémie du coronavirus est l’un de ces évènements qui pousse à la réflexion et à la création. Lorsque ces choses arrivent, tout le monde veut s’exprimer d’une manière ou d’une autre et dire son ressenti. Le musicien a sa musique, le peintre a sa toile et l’écrivain sa plume (ou son clavier). Donc pour moi, écrire ce livre était une sorte de catharsis.
Parlez-nous un peu du livre. Comment s’est-il écrit ?
Mémoire de Quarantaine est un ensemble de textes multigenres (poèmes, récits, nouvelles) écrits en français et en créole. Au printemps 2020, lorsque le monde s’était arrêté à cause du coronavirus, cela a donné à plus d’un, y compris moi, l’occasion de réfléchir. De réfléchir sur le vrai sens de la vie, sur l’essentiel. C’est à la même époque que des amis poètes, comme Kettly Mars et Wêche Evains du Centre Pen Haïti, m’avaient invité à faire partie d’un groupe d’écrivains haïtiens sur WhatsApp produisant des textes sur le confinement. Le groupe s’appelait Journal de Confinement. Il y avait des auteurs vivant pour la plupart en Haïti. Quelques autres se trouvaient à l’étranger. J’étais à Miami, d’autres participants écrivaient depuis l’Europe. J’ai cru comprendre que nous ne vivions pas tous l’expérience du confinement de la même façon. Cela avait enrichi nos échanges. Un an après, je me suis dit qu’il était nécessaire de partager cette expérience avec les lecteurs.
Quelle est la réception du livre auprès des lecteurs ?
Très bonne réception jusqu’ici. J’ai été invité à plusieurs émissions pour parler de Mémoire de Quarantaine. Des articles ont été écrits là-dessus, des textes ont été lus en public. Je pense que le succès relatif que ce livre a eu est dû au fait qu’il traitait d’un phénomène auquel beaucoup de gens étaient confronté, la pandémie du coronavirus, et qui encore d’actualité. Certains se sont retrouvés dans mes écrits car ils vivaient la même expérience.
Pourquoi avoir publié cet ouvrage ?
Comme toujours, l’écrivain ou le journaliste a un rôle de gardien de mémoire. Durant le confinement, les journalistes jouaient leur rôle : ils rapportaient les nouvelles tous les jours, ils le faisaient machinalement, sans y mettre trop d’eux-mêmes. L’artiste, lui, a une autre approche. Puisqu’il dispose de plus de temps, il peut aller au plus profond des choses, dépasser le superficiel. Et les gens sont près à l’entendre car il apporte une dimension plus humaine aux choses.
Vous croyez que le point de vue des écrivains, des poètes, des artistes est vraiment important dans ces moments-là ?
Plus que jamais. Les gens veulent entendre ce que les artistes, les écrivains, les poètes ont à dire en pareilles circonstances. Picasso a immortalisé le bombardement de Guernica. Comme je l’ai dit précédemment, les artistes apportent quelque chose de nouveau, de plus profond et qui va au-delà du simple fait de rapporter des nouvelles. L’artiste s’apporte lui-même, il donne son point de vue, son ressenti, il y met ses couleurs, ses émotions, ses rires et larmes, ses colères, bref il y met son âme, et c’est cela que les gens veulent voir ou entendre.
Vous projets ?
J’ai beaucoup de projets. D’abord, je viens de lancer ma maison d’édition « Les Editions Marginales » à Miami. Elle a pour but de donner une alternative aux auteurs en quête de publication. Je travaille également sur mon prochain livre « Zanmi Angle » qui traite des anglicismes se trouvant dans le créole haïtien. Enfin, je prépare mon prochain recueil de poèmes intitulé « Astres et Désastres ».
Propos recueillis par Jean-Louis Wilner
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