Nous sommes à la mi-août 2023, à l’aube du déploiement d’une force multinationale en Haïti, composée essentiellement d’afro-caribéens, avec le Kenya en Chef de file. Elle doit venir aider à rétablir la sécurité dans le pays. En tout cas, c’est ce qu’on dit. La Mission des Nations Unies pour la stabilité d’Haïti (MINUSTAH), devait nous apporter la stabilité. Après son départ, nous sommes plus instables que jamais. Mais la question qui dérange, ce n’est pas tant l’incapacité du Kenya à mener une telle entreprise, mais l’avenir du Premier ministre.
Quelle porte de sortie pour Ariel? Décrié, impopulaire, incapable, le chef du gouvernement fait face à une vague de critiques sans précédente. D’aucuns n’imaginent que cet ancien membre de la Fusion, propulsé au sommet de l’État, dans des circonstances jusqu’ici inexplicables puissent amener le pays vers des élections crédibles pour reconstituer les trois pouvoirs de l’État et rétablir l’ordre républicain.
Les nombreux rendez-vous manqués ne jouent pas en sa faveur. Tout comme le fut Jovenel Moïse en son temps, Ariel Henry est aujourd’hui perçu comme un fabulateur. Il serait quelqu’un à qui l’on ne peut plus faire confiance. C’est en tout cas ce qu’avancent ces détracteurs pour ne pas dire opposants, pour refuser ses appels au dialogue. Ariel ne peut donc plus rassembler grand monde pour trouver un consensus minimal et aller vers des élections qui devaient être la plus grande priorité d’un pouvoir de transition.
L’autre pierre d’achoppement entre Ariel et ceux qui ne travaillent pas dans le pouvoir, c’est son entourage avare qui fait des provisions au sein du pouvoir pour mieux se renouveler, plus tard, via des élections sur mesure. Personne n’est dupe ! Les alliés d’Ariel font tout pour confectionner sur mesure, un Conseil électoral provisoire qui devra faciliter leur retour au timon des affaires. Un retour déjà compromis avec cet échec cuisant du gouvernement incapable de rétablir la sécurité et de répondre aux besoins les plus élémentaires du peuple haïtien.
Dans ce contexte de méfiance généralisée et même de haine nourrie des dirigeants actuels, personne ne mise sur Ariel pour organiser les élections. Si élections il devrait y en avoir, au cours de l’année 2024. Accusé de toute part, Ariel Henry dont les alliés n’ont aucune capacité de mobilisation et sont en disgrâce devant la population, trouverait difficilement une porte de sortie, entre les nombreux massacres reprochés à son équipe et le pillage en bonne et due forme des deniers publics par ses amis.
Peut-on vivre sans pouvoir, lorsqu’on vient à peine de gérer le pouvoir en Haïti ? bien sûr que non ! Youri Latortue et Joseph Lambert ont fait l’amère expérience avec ces fameuses sanctions du Canada qui sonnent le glas de leur carrière politique. Sans compter les invitations au cabinet d’instruction qu’ils doivent répondre régulièrement, alors qu’ils en étaient préservés il y a peu grâce à leur immunité parlementaire.
Pour revenir à Ariel, et dans l’optique que l’international serait intéressé à organiser des élections l’année prochaine, il serait étonnant de le voir terminer 2023 à son poste. Si les scrutins ne se réalisent pas sous sa gouvernance, son passage sera un raté majuscule et le placera peut-être parmi les personnalités les plus détestées du pays avec des allers et retours incessants au cabinet d’instruction. La seule issue pour Ariel serait donc de réaliser de bonnes élections pour lui garantir une sortie honorable.
C’est une vision parait plutôt utopique de la conjoncture, tant le Premier ministre est loin d’être la personne idéale pour mener cette importante entreprise qui sera décisive pour l’avenir de la Nation. L’autre solution serait que cette force multinationale qu’il a tant souhaitée vienne lui offrir cette sortie, à travers un accord politique longtemps impossible à trouver qui lui garantirait une quasi-amnistie. Nous n’en sommes pas encore là !
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