Inculpé pour des faits d’abus sexuels sur mineures, Yves “Dadou” Jean-Bart, ancien président de la Fédération Haïtienne de Football (FHF), est dans la tourmente. Si des tribunaux étrangers l’ont blanchi dans cette affaire suite aux révélations dites diffamatoires du journaliste français Romain Molina, M. Jean Bart n’est pas pour autant sorti d’affaire.
La cour d’appel de Port-au-Prince vient d’ordonner la comparution personnelle de M. Jean-Bart pour des faits d’abus sexuels sur mineures. Cette décision fait suite aux dépositions de plusieurs organisations de défense des droits humains (CALSDH, Kay Fanm, SOFA, KRIFA, RNDDH et Toya) par devant la Cour d’Appel de Port-au-Prince, rapporte un communiqué.
Lors d’une première audition, ces organisations ont sollicité une nouvelle instruction judiciaire objective et impartiale, lit-on dans le document. En effet, elles estiment que l’instruction qui a été conduite par le magistrat Emilio ACCIMÉ de la Juridiction de Croix-des-Bouquets, n’avait pas cherché à faire toute la lumière sur les graves allégations de viols, de marchandages sexuels, d’avortements forcés et de débauches, reprochés à Monsieur Yves Jean-Bart, ajoutant que ces actes ont été perpétrés contre des mineures placées sous son autorité à l’Académie « Camp Nou ».
Aussi, ces organisations rappellent que la Loi du 23 mars de 1928 fait obligation formelle au Commissaire du Gouvernement d’intervenir toutes les fois qu’une personne mineure est en cause, même lorsque la victime ne porte pas plainte auprès de son Parquet.
Plus loin, CALSDH, Kay Fanm, SOFA, KRIFA, RNDDH et Toya disent croire qu’il est urgent que les autorités judiciaires compétentes prennent toutes les dispositions nécessaires pour assurer la protection et la sécurité des victimes, des membres de leurs familles immédiates, des dénonciatrices et dénonciateurs.
Ces mesures de prévention doivent s’étendre aux témoins et toutes autres personnes pouvant fournir des informations pertinentes pour la progression de l’enquête en vue de permettre à la justice haïtienne de faire toute la lumière sur ces actes qu’auraient commis Monsieur Yves Jean-Bart, pendant environ deux décennies.
Suite aux révélations du journaliste français Romain Molina, reconnu coupable pour propos diffamatoires, la FIFA avait radié à vie Yves “Dadou” Jean-Bart de toutes activités relatives au football. Cependant, le Tribunal arbitral du sport (TAS), basé en suisse, avait annulé les sanctions de la FIFA pour insuffisance de preuve.
La Fédération Internationale de Football Association avait décidé d’interjeter appel contre la décision du TAS car, elle a estimé que des manquements procéduraux très graves ainsi qu’au droit matériel ont été commis, notamment le fait que certains éléments de preuve clés mis à disposition du TAS par la FIFA n’aient pas été pris en compte.
En Haïti, le Ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’Action Civique (MJSAC) a pris ses distances avec ce dossier. Il avait cependant lancé un appel à la sérénité et à l’unité à la famille du football après la radiation d’Yves Jean-Bart par la FIFA.
Suite à cette nouvelle offensive des organisations de défenses des droits humains, ce dossier connait un nouveau rebondissement. Le RNDDH insiste que la Justice haïtienne avait raté une occasion historique dans cette affaire. L’organisation déplore que la justice n’a pas été rendue à qui justice est due.
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