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Haïti-Conseil Présidentiel : la population encore oubliée !

Lentement, nous avançons, on oublie presque qu’il y a toute une population qui n’en peut plus d’attendre. Le Conseil présidentiel, fabriqué par les acteurs politiques haïtiens sous la haute supervision de la CARICOM, n’est toujours pas installé. Ici, le temps n’a aucune importance. Les secteurs décident en fonction de leurs intérêts, le pays ou l’intérêt collectif importe peu. Dans ce jeu macabre, il paraît scandaleux que les membres du CP soient l’élément de blocage.


Les problèmes que pose aujourd’hui le Conseil présidentiel étaient prévisibles. Des secteurs longtemps relégués en arrière-plan et qui n’ont pas su, par les urnes, se placer au timon des affaires de l’État, ne seront jamais prêts à laisser passer une telle chance. C’est une évidence ! La guerre que se livrent les membres de cette structure n’est qu’une transposition maladroite des luttes politiques stériles qui ont miné, depuis plusieurs décennies, l’existence du peuple haïtien.


Le document qui déterminera le fonctionnement de cette structure à sept têtes, ou neuf, c’est selon, est devenu une véritable pomme de discorde. Après plus de dix (10) jours de tractations en tout genre, le document a été modelé et remodelé pour offrir plus de pouvoir aux acteurs, mais ne porte aucune parole utile qui annonce de nouvelles formes d’actions politiques. La transition de rupture devra donc attendre, tout comme la révolution prônée comme panacée aux maux du pays, lors des grands rassemblements qui ont fait trembler la Capitale.
Dans ce tohu-bohu incontrôlé, les membres de l’actuel gouvernement avancent leurs pions et jettent les bases de la prochaine opposition. Après plus de trente-deux mois de gestion catastrophique et une érosion incontrôlée des ressources publiques, ils amorcent leur reconversion. Leur compréhension soudaine de la crise haïtienne est aussi éloquente que l’indigence affichée face à la dégradation des conditions socio-économiques et leur cynisme devant la détresse chronique de la population.
Cette situation de tension récurrente entre les membres du Conseil pour la présidence de la structure permet, une fois de plus, au secteur privé de se positionner pour rafler la mise. Les affairistes recrutent ! On se rappelle des franchises en pagaille accordées aux membres du secteur économique qui, dit-on, avaient perdu leurs entreprises lors des événements de 2004, alors qu’aucun projet de redressement social n’avait été envisagé pour venir en aide au petit peuple qui avait subi de plein fouet la situation de terreur instituée par les bandes armées.


Ces privilèges indécents étalés, pour la plupart, sur plusieurs décennies, ont accentué les inégalités entre les groupes sociaux et ont permis à la pseudo-bourgeoisie haïtienne d’installer une économie criminelle qui a plongé le pays dans une spirale de corruption sans précédent. Nous sommes en train de voguer dans ces mêmes eaux boueuses et de paver la voie aux vautours du secteur des affaires. En plaçant son représentant au sein du Conseil, l’élite économique s’assure de pouvoir perpétuer cet état prédateur modélisé selon ses caprices et en fonction de ses besoins.


Il apparaît de plus en plus clair que l’État ne dispose pas des moyens pour nourrir tous les parasites des élites économiques et politiques qui veulent coloniser les pouvoirs publics. Comme à l’accoutumée, cette énième manœuvre politique risque d’accentuer le fossé entre nantis et exclus. Car, l’État sera toujours courbé sous la tutelle de l’internationale et des caprices d’une oligarchie haïtienne investie dans ce vaste mouvement d’exclusion de la grande masse de la population dans le jeu et les enjeux politiques.

Jean Corvington