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Editorial

Haïti-négociations : L’indigence d’une opposition décadente !

Ils ont réclamé les rênes du pouvoir depuis plus de 5 ans. Ils voulaient la clé sous la porte. Leur cri est finalement entendu. Mais personne n’ose franchir l’ultime étape et ramasser cette clé longtemps réclamée. L’opposition politique en Haïti n’est qu’un amoncellement de groupes de nuisance. Un attroupement de politiques sans dimension. Des avares incapables de se transcender.
Pour renverser Ariel, ils étaient prêts à tout. Maintenant que le Premier ministre de facto est quasiment hors-jeu, ils s’entredéchirent. Comme à l’accoutumée, ils n’avaient aucune alternative. De l’amateurisme pur et dur. Chacun veut que le pouvoir lui revienne. Historiquement, toute tentative d’entente entre les acteurs politiques de l’opposition a toujours échoué.


Là où le bât blesse, c’est que ces politiques qui réclamaient avec virulence la démission du gouvernement en place, n’avaient aucun plan pour le remplacer. Pitoyable ! Et les négociations en vue de camper le Conseil présidentiel (CP) qu’ils ont eux-mêmes voulu imposer lors des séances de dialogue, tant en Haïti qu’à l’étranger, sous les auspices de la CARICOM, stagnent.


La razzia que veut faire le groupe de Montana au sein du CP fait peur. La réticence des autres acteurs devient, dans un tel contexte, légitime. D’autant que les figures que cette structure veut envoyer au CP n’inspirent confiance à personne.


Au final, tous les partis veulent le pouvoir, aucun ne sait ce qu’il va en faire. Il n’y a jamais eu de plan pour gérer l’après Ariel qui se précise de plus en plus. Tout comme il n’y avait pas eu de plan pour gérer l’après Jovenel Moïse. On se dirige tout droit vers une autre intervention du blanc. Comme en 2004, si rien n’est fait, il viendra imposer une personnalité.
L’indigence affichée par ces acteurs politiques qui ont longtemps miné l’existence de la population dans leur lutte acharnée, parfois cynique, pour renverser les pouvoirs constitués, est flagrante. Cette sécheresse incompréhensible d’idées nouvelles de ces gens qui ont vécu dans les couloirs du pouvoir, hypothèque un peu plus l’avenir de la Nation et attise cette haine justifiée du politique couvée depuis plusieurs décennies.


Perçu comme un fabulateur, un opportuniste qui ne vise que les caisses de l’État, la méfiance de la population face au politique, est un témoignage des coups bas et de ce désastre innommable qui a conduit le pays vers ce précipice. Ces figures de contrastes, insaisissables, sont les principales responsables du désastre haïtien. Ils haïssent tous le blanc, mais ils veulent tous sa bénédiction. Quel paradoxe ! Aucun ne se préoccupe de la population. Depuis le coup de force des gangs, aucune voix ne s’est élevée pour rassurer les citoyens.
Alors que les acteurs réunis pour faire une proposition pour gérer l’après Ariel Henri continuent leur dilatoire, les Port-au-Princiens sont sous le feu nourri des bandits qui pillent, brûlent et tuent en toute impunité. Ils sont facilités dans leur tâche par un couvre-feu complice du reste du gouvernement d’Ariel qui, une fois de plus, une fois de trop, affiche son incompétence et son insouciance.


Entre-temps, la population de Port-au-Prince est séquestrée par les gangs. Toutes les issues vers d’autres départements sont fermées. Le port et l’aéroport Toussaint Louverture sont aussi fermés. La catastrophe humanitaire prend de l’ampleur. Si rien n’est fait, la population est affamée. Les banques et les autres services publics sont fermés. L’État est à terre.


Ce n’est pas nouveau. Cet état, depuis plusieurs décennies, était incapable d’affirmer sa souveraineté. S’il est vrai qu’il a souffert de la médiocrité de ceux qui ont été placés pour le diriger, il s’est embourbé dans une mare gigantesque de corruption. Au règne des incompétents succède désormais celui des bandits. Un règne qui doit absolument se terminer avant la fin du week-end, pour éviter le pire à des citoyennes et des citoyens qui agonisent.

Jean Corvington
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