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Haïti-RD : notre Canal, notre fierté !

  • Kanal pap kanpe, refren alamòd (KPK)

Luis Abinader est en train de mobiliser Haïti, toute entière, dans la défense d’une cause. Un simple canal de prise est devenu un sujet de fierté nationale. Merci Luis ! Beaucoup de temps s’est écoulé depuis que les Haïtiens étaient incapables de trouver un élément fédérateur. Une priorité qui transcende toutes les autres priorités. Ce Canal, un cache-misère, symbolise dans ce présent troublé, tout ce que l’Haïtien aurait voulu être. Un peuple fier qui décide de son avenir.

Il faut bien avouer que derrière ce paravent, la réalité est toute autre. Il y a des élites qui complotent contre la nation, des autorités qui s’allient contre la cause de son propre peuple. Insupportable !  Haïti est dans un gouffre infernal. Des démons de tout genre tentent de la dévorer, ou du moins tente de dévorer ce qui en reste. La dernière liste de sanctionnés publiée par le Canada est une confirmation, de plus, que le pays est l’otage d’une mafia locale avec des embranchements internationaux.

Cette mafia qui n’a aucune attache avec le pays, exerce une influence certaine sur la gouvernance politique et économique. Avec cette capacité manifeste d’imposer des dirigeants, pour le moins, cyniques, au sommet de l’État, elle exerce un contrôle sans partage, à la fois, sur le secteur public et le secteur privé. Aujourd’hui, les dissensions entre les différentes familles qui composent cette organisation criminelle, se manifestent à travers la guerre des gangs qui endeuillent les familles pauvres du pays.

Au milieu de ce chaos organisé, vient cette affaire de canal, surmédiatisée grâce à la maladresse d’un Abinader, en panne d’imagination, qui tente de retrouver les faveurs d’un électorat qui semble avoir déjà tourné la page. Aujourd’hui, empêtré dans une crise évitable, le chef de l’État dominicain essaie tant bien que mal de sauver la face en appelant à une médiation internationale, qui aurait dû être sollicitée bien avant son coup-de-tête d’enfant-gâté. 

En bon leader d’extrême droite, M. Abinader croyait s’en sortir en provoquant une énième crise politique, tout en sortant les muscles pour forcer les haïtiens à accepter l’inacceptable. Il s’est trompé, et dans les grandes largeurs. Et ce ne sont pas les paysans dominicains qui misent tout sur le commerce binational qui diront le contraire. Ces tentatives de marchandages en adoptant des mesures anti-libérales dans un pays libéral, ne passent pas. Les promesses d’achat des produits agricoles aux petits agriculteurs, ne résolvent en rien le problème.

Toutefois, Luis Abinader est passé à un cheveux de bénéficier, comme à l’accoutumée d’un coup de pouce des dirigeants haïtiens qui, en vrai Conzé, étaient prêts à casser l’élan de solidarité des haïtiens dans la construction de ce canal qui devient désormais un symbole de résistance. Certains documents qui ont volontairement fuité des bureaux des ministres des Affaires étrangères et de l’Agriculture haïtiens, sont miraculeusement tombés entre les mains du Président dominicain. Curieusement, ces documents s’inscrivent dans une démarche de répudiation du canal.

Les hommes politiques d’ici sont passés maitre dans le pillage du trésor public pour investir en République dominicaine. Et la liste est longue. Très longue ! Leurs intérêts particuliers sont généralement en porte-à-faux avec l’intérêt collectif. Toutefois, cette tentative de casser cette juste cause, se heurte à la détermination de tout un peuple. Critiquer le canal, équivaut dans l’opinion à prendre fait et cause pour les dominicains. Ce qui place le gouvernement haïtien en mauvaise posture, malgré son refus d’endosser cette initiative populaire. Aussi, les coups bas de l’État ne peuvent plus passer! Il faut de nouvelles stratégies pour saper cette volonté populaire qui voit dans les autorités des jouisseurs  qui complotent contre le peuple.

Depuis ces sorties fracassantes et schizophréniques de M. Abinader, le Canal est devenu un lieu de repentance où les vieux leaders haïtiens rejetés par la population viennent essayer de trouver l’absolution. Ceux qui sont sanctionnés par le Canada et les États-Unis, y trouvent un sujet de relance timide de leurs activités politiques.   

Le discours dithyrambique du chef de l’État dominicain, sur le podium de l’Assemblée générale des Nations unies, portant sur les progrès de son pays, pour exposer le naufrage haïtien, n’y change rien.  Il n’a fait qu’exposer aux yeux du monde cette « dominicanisation » qui est en fait un « anti-haïtiannisme » construit de l’autre côté de la frontière. Un discours qui n’a aucun effet du côté haïtien. Car, le Canal s’invite partout, dans tous les discours. Il sera achevé, bon gré, mal gré, quand bien même nous décidions de le fermer ensuite.

Jean Corvington