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Inexistant!

Qui l’eut crut! Le peuple haïtien atteint déjà son 8e jour sans écouter la voix de son Président. La population est prisonnière pendant une semaine complète. Les produits de première nécessité d’une extême rareté. Se ravitailler devient un exercice de plus en plus difficile.

Depuis le 7 février dernier le pays est en mode « lock ». Plus rien ne fonctionne. L’administration publique est fermée depuis déjà une semaine. Plusieurs millions de dollars de déficit. Le commerce, les banques commerciales, le secteur privé, tout est clos. Fermé à double tour. Le pays est basculé dans l’arnarchie la plus totale. Rien n’est contrôlé. Le système étatique est comme inexistant. Président, Premier ministre, responsables d’Etat, tous aux abonnés absents.

Où sont passés les pouvoirs publics. Le Président Jovenel Moïse vit sa plus grande crise depuis le début de son quinquennat. Pire que les émeutes de la faim de 2008. L’homme de la banane est inexistant. Il ne dirige plus rien. Il n’est Président que de titre. Il perd les pédales. Il a perdu le contrôle du territoire. Tout le système étatique est foiré. Le pays est sous pilotage automatique.

Où est passé le gouvernement? Encore inexistant. Le Premier ministre Jean Henry Céant se contente plutôt de préparer l’après Jovenel Moïse, alors qu’il est lui même son fusible, que de chercher une solution à cette crise qui dure encore trop longtemps. Le Premier ministre vit déjà dans ses costumes de président de la République que de chef du gouvernement en engrangeant des rencontres au fil des heures avec des diplomates et d’autres personnalités. Un conseil des ministres a même été tourné au vinaigre. Le président et son Premier ministre ne s’entendent pas sur le dénouement de la crise. Ils s’entre déchirent.

Raynald Lubérice, secrétaire général du conseil des ministres, a dans ses propos introductifs au dernier conseil des ministres, demandé au notaire Céant et ses ministres de démissionner afin de donner plus de marges de manoeuvre au Président de la République pour trouver une issue, même provisoire à la crise. Le chef du gouvernement ne veut pas l’entendre de cette oreille. Pas question de rendre son tablier. Son espérance est simple. Jovenel Moïse fera ses valises et il sera, sous la base de l’article 149 de la constitution de 1987, le nouveau président de la République. De quoi faire couler de l’eau à la bouche pour un candidat qui a déjà échoué 3 fois à la course présidentielle.

Le leadership s’est tue. Les soit-disant dirigeants se battent pour des miettes au lieu de s’occuper de la résolution de la crise. Jovenel Moïse et son gouvernement se montrent inexistants. Ils sont dépassés par la crise. Jean Henry Céant est aussi incapable. Trop affamé par ce poste de président qu’il miroite depuis déjà une dizaine d’années. Les dirigeants au plus haut niveau de l’Etat semblent n’avoir aucune stature d’homme d’état. Pas de transcendance. Haïti est à la croisée des chemins. On est en plein coeur d’une grave crise humanitaire. Ambulance, personnel medical, produits de première nécessité, tout est bloqué.

8 jours après avoir déclanché le mouvement de protestation contre le pouvoir Tèt Kale, aucune lueur d’espoir ne pointe à l’horizon. L’opposition radicale n’entend pas négocier. Jovenel Moïse doit partir. Elle préfère d’ailleurs de faire alliance avec les bandits notoires, recherchés par la police tels Anel, Tije, Bougòy, Vlaw et consorts au lieu de s’asseoir avec le pouvoir en place. Des parlementaires, longtemps très décriés, à la recherche d’une certaine légitimité de la rue, foulent le macadam pour exiger le départ du président de la République. Alors que le Parlement lui même fait partie du problème, selon les manifestants et devra partir avec tous ceux qui partiront.

D’où viendra la solution? Quels secteurs nous aideront à stopper la vanne? Qui pourra arrêter cette machine infernale? Cette bataille pour le contrôle du pouvoir s’envenime. La population est en danger. On compte des morts au fil des jours. Les politiciens jouent au poker menteur. Les plus vulnérables continuent d’être la proie du pouvoir et de l’opposition. Parlementaires, gouvernement, présidence, opposition et compagnies sont à couteaux tirés. Et cette situation semble partir pour rester « lock ». Le pays, la population, encore en mode « lock ».

Jean Corvington