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Société

La presse perd de son estime…

Depuis un certain temps la presse n’informe plus. L’information de qualité n’est pas dans les médias. Les nouvelles aujourd’hui se résument en appels téléphoniques, extraits sonores et très peu de reportages. L’investigation, un genre journalistique en voie de disparition en Haïti.

De plus en plus, le journalisme intellectuel perd pied. Place aux grandes gueules. Les ratés. De nos jours sur la bande FM, particulièrement, les pseudos analystes politiques se bousculent. Dans une même station, les émissions dites d’analyses s’entrechoquent. Pire encore, elles se contredisent. Aucune cohésion. Point besoin d’évoquer l’absence de ligne éditoriale. C’est le côté affaire qui prédomine.

Autrefois, le journalisme, dit-on, était une profession noble. Ces temps-ci, il est si difficile de distinguer les bons grains de l’ivraie. La parole est pervertie. Elle ne compte pour rien. C’est dans ce contexte que la presse est appelée à jouer son rôle de chien de garde. Mais, les membres de ce secteur ont-ils conscience du rôle qu’ils sont censés jouer pour que le pays ne sombre pas dans le chaos ?

A défaut de cette conscience, une certaine presse est plus encline à traiter des sujets plus personnels tels : différends entre syndicalistes et ministre, conflit terrien, accusations contre X. Rien d’intérêt public. Certains journalistes font plus foi aux gens derrières le téléphone qu’un reporteur sur place. La notion de vérification de l’information importe peu. Tant que cela peut nuire, c’est jouable.

Dans une dynamique où la presse ne peut ou ne veut plus jouer son rôle d’informer à un moment où l’information est devenue une denrée indispensable pour l’humanité, il est légitime de se demander si celle-ci ne se tue pas à petit feu ? Comment peut-on expliquer que la presse était plus performante avec moins de media ? Les anciens du métier racontent fièrement qu’avec seulement quatre stations de radio et deux chaines de télé à Port-au-Prince, les gens étaient mieux informés. Peut-on déduire que plus de media tuent l’information ?

La tendance aujourd’hui c’est le « Talk-Show ». Chacun dispose de son temps d’antenne pour faire son affaire. Parfois c’est un cocktail de journalistes, politiciens, médecins, comédiens qui s’y mettent pour faire le show. Dans d’autres cas, c’est du « One man show ». Le journaliste est à l’antenne point barre. Vive la parole libre. Vive la démocratie.

Les journalistes, tous des vendus ?

« Marchands de micro », « Journalistes de l’équipe », les qualificatifs ne manquent pas pour nommer certains journalistes. Être d’un côté comme de l’autre, la tolérance haïtienne ne parvient pas encore à admettre qu’on n’est pas tous obligés de servir le même maître. Toutefois, dans cet amalgame, il y a de quoi fouetter l’orgueil des journalistes crédibles et honnêtes. Mais, qui le sont ?

Cette minorité n’a pas la voix au chapitre. Elle subit les assauts au même titre que les minables du métier. Ils n’osent pas sortir la tête de l’eau sous peine d’être pris pour cible. Mais heureusement, leurs productions témoignent de leur sens d’engagement et de leur professionnalisme.

Faut-il tout de même tirer la sonnette d’alarme ? il n’est pas trop tard pour que le public comprenne malgré la précarité et la misère, certains journalistes, de part leur éducation, garderont toujours leurs lignes morale, éthique et déontologique.

Ce nuage gris qui est remarqué dans le ciel du secteur de la presse donne une peur bleue. Je ne plaide pas pour une presse uniforme ou homogène mais plutôt pour une presse avant-gardiste et moins affairiste. Mise à part le fait de faire de l’argent, les media doivent se porter aussi garants du respect de l’ordre social tout en informant le public correctement.

Jacky MARC

Jean Corvington
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