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le journaliste Guerrier Dieuseul felicite ses filleuls et attire leur attention sur les nombreux défis qui les attendent

En sa qualité de mentor de la promotion Quintessence de Maurice Communication, le journaliste Guerrier Dieuseul felicite ses filleuls et attire leur attention sur les nombreux défis qui les attendent… Vous pouvez consulter le discours.

Monsieur le Directeur 
Mesdames, messieurs les cadres de l’école
Mesdames, messieurs les Professeurs,
Madame, ma très chère Co-Mentor
Chers parents, chers amis,
Mesdames, messieurs les invités-es,
Chers filleuls,
 
Quand j’ai reçu l’invitation, une courte réflexion m’a traversé l’esprit. Comment devenir l’un des mentors de ces nombreux jeunes femmes et hommes qui sont, aujourd’hui,  sur le point de recevoir leur diplôme de fin de cycle en communication et en journalisme, alors que je suis conscient, du  haut  de mes 20 années d’expériences dans le secteur, des défis qui les attendent ?  La réalité du terrain est loin d’être de ce qu’ils viennent d’apprendre dans les livres et dans les   cours ,en salle de classe.
 
Chers Filleuls,
Comment accompagner ces jeunes fougueux que vous êtes, alors que je reste convaincu, que les pratiques de communication que je maitrisais à mon époque sont très différentes de celles d’aujourd’hui.
Le contexte et la conjoncture ont changé au point que nous avons du mal à reconnaitre le pays dans lequel où nous vivons.   Autant de questions qui, au moment où je vous parle, me taraudent encore l’esprit et me poussent à vous demander : pourquoi avez-vous fait choix de la communication comme profession dans un pays où les valeurs communicatives s’effritent ? Pourquoi ?  Pouvons-nous encore parler de communication et de journalisme dans ce pays à un moment où tout se fait avec une légèreté démesurée, une légèreté qui frôle l’indécence à longueur de Journée ?
 
Aucune de ces questions difficiles à répondre, je vous le concède, ne saurait réfréner l’honneur qui nous est fait aujourd’hui, Marie Raphael PIERRE et moi, d’être vos mentors. En outre, votre choix nous rappelle sans cesse que nous devons « continuer, continuer » à nous plier sous le poids de   certaines valeurs, de nous soumettre  a  certaine rigueur universelle afin de continuer a être  vos modèles dans une société où le transfert de capital humain et immatériel se fait rare. 
 
Avant d’aller plus loin, souffrez que je  revienne à ces interrogations : Pourquoi la communication ? Pourquoi le Journalisme ?….. Je connais déjà la chanson.
Anpil nan nou pral di paske nou renmen l, san nou pa konnen, dèyè lanmou pou yon chwa karyè, gen lot bagay nou pa souvan avwe.
 
Vous êtes sans doute nombreux à avoir choisi cette profession parce qu’elle met ses pratiquants sous le feu des projecteurs.  En effet, nous constatons, tristement une culture du vedettariat qui, malheureusement l’emporte souvent sur la qualité de la production en Haïti. En tant que journaliste, permettez-moi de vous faire une confidence : Nan metye jounalis la, se enfòmasyon an ki vedèt, se pa jounalis la. 
 
Se selman kalite travay ou pwodwi ak tout lanmou ou gen anndanw, tout pasyon ou gen pou pwofesyon an kap few fè diferans la. E se diferans sa a kap fe moun wè w yon lot jan. Sa vle di, okenn nan nou pa dwe chache vin sipèsta, men pito yon bon kominikatè oubyen yon bon jounalis. 
 
Mes expériences dans le métier m’ont permis de comprendre qu’un journaliste est avant tout et surtout « un chien de garde ». C’est-à-dire, quelqu’un qui veille à la bonne marche de la société. Nous sommes des gardiens de la démocratie. Regardons aujourd’hui ce qui se fait sur les réseaux sociaux. Combien de communicateurs, de journalistes, de médias jouent-ils ce rôle? 
 La situation devient beaucoup plus compliquée et plus complexe de ce que vous pouvez imaginer.  Le secteur souffre d’une absence de régulation et de structure. Nous nous permettons de dire de n’importe quoi sur  n’importe qui sans crainte d’être sanctionné. Nous détruisons l’autre sans raison  ou du moins pour satisfaire nos intérêts personnels. Nous nous s’érigeons en ce que nous appelons « directeurs d’opinions », pour débiter nos ignorances, des pseudo-analyses, et pour satisfaire notre égo. 
 
Ici, certains principaux médias traditionnels remplacent les tribunaux du pays . C’est une absurdite . La presse n’as pas cette mission .  Et, avec l’arrivée des réseaux sociaux, non seulement l’information s’en va à une vitesse vertigineuse, mais aussi et malheureusement, la vérification et la pertinence ne sont plus prioritaires. 
 
La chasse au BUZZ et aux Views remplace le désir et le devoir d’informer. Pourtant, une information non vérifiée, une fausse information ou une demi-vérité est aussi dangereuse qu’une arme de destruction massive. Nous pouvons détruire toutes les valeurs, tous les symboles, toutes les richesses, en somme, la culture et les repères d’un pays, juste en diffusant une fausse information. 
 
Mes chers filleuls, choisir la communication et le journalisme comme profession en Haïti, c’est aussi choisir d’intégrer une jungle, où ce sont les malicieux, les médiocres et les malhonnêtes qui donnent le ton.
 
Cependant, tout peut changer et le changement, c’est vous ! Vous avez, à partir d’aujourd’hui, l’obligation de vous engager pour ce changement. « Tant vaut la presse, tant vaut la nation », permettez-moi, cette paraphrase, pour vous dire que l’avenir du pays dépend des communicateurs et des journalistes que vous serez. Plus que jamais, Haïti a besoin d’une presse utile, et non d’une presse à sensation, d’une presse qui répond à la trilogie: information, formation et divertissement.  Haïti a besoin des travailleurs de la presse intègre et honnête.
 
Vous sentez-vous à la hauteur ? Serez-vous des professionnels dignes ? Répondez donc à ces questions avant même de penser à investir le marché du travail. 
Chaque étape que nous franchissons dans la vie nous offre la possibilité de mesurer, d’évaluer et de prendre conscience de notre état, de nos manquements et notre capacité à nous reproduire pour nous et pour les autres. En ce qui vous concerne, je vous prescris une quête continuelle du savoir. 
 
Yon kominikatè, e espesyalman yon jounalis pa yon jwèt. Se yon moun ki pa janm fin aprann.  Yon jounalis se yon moun ki gen yon bon kilti jeneral.  Un journaliste est quelqu’un qui s’informe tous les jours, qui lit beaucoup et de tout (article de presse, roman, article scientifique et j’en passe). Serez-vous des communicateurs et des journalistes compétents, avec des têtes bien faites ? 
 
Avec le temps, je me suis rendu compte qu’il faut aussi apprendre à mettre du cœur dans ce que nous faisons.  Il faut faire la part du Colibri qui dans son bec porte une goutte d’eau pensant pouvoir éteindre une forêt en feu. Il faut tout faire avec passion, amour et surtout professionnalisme.  Beaucoup de professionnalisme !
 
Chers filleuls, votre seconde mentor, Marie Raphael PIERRE et moi avons foi en vous.  Vous, de la  promotion  quintessence qui  avez fait de votre mieux pour boucler ce cycle d’études.   Ne nous décevez pas !
 
Nous voulons croire que vous allez faire la différence, pendant toute votre carrière qui commencera bientôt, nous l’espérons bien. Dans la mesure où vous serez des journalistes et des communicateurs, faites de la vérité votre principale boussole.  
Soyez bons !
Soyez passionnés-es !
Soyez honnêtes !
Soyez les meilleurs ! 
 
Je vous en remercie.

Jean Corvington