Certaines personnalités ici se sont placées au-dessus des lois. Du moins, elles se croient supérieures aux principes qui régissent la République. À chaque convocation devant les instances judiciaires, elles le signifient par leur comportement. Leur refus d’obtempérer. Mais le drame, c’est surtout l’incapacité de l’appareil judiciaire de les contraindre à comparaître.
Le Juge Walter W. Voltaire en invitant certaines personnalités qui, dès le départ, figuraient sur la liste des témoins ou des suspects dans l’assassinat de Jovenel Moïse, s’attaque à une montagne. Cette tentative de casser ce cercle d’impunité privé, pourrait rendre de grands services à la Nation dans la perspective de la reddition de compte qui reste tabou dans ce pays du tout est permis.
Il ne faut pas se laisser distraire ! La prudence est plus que jamais de mise. Diversion ? Les invitations faites aux cadres de l’État Ricard Pierre, Ministre de la Planification, Michel Patrick Boisvert, ministre de l’Economie et des Finances, Guyto Edouard, DG de la Dinepa, Amos Zéphirin DG du MICT, Jeantel Joseph DG de l’ANAP. alors que le pays s’apprête à commémorer les deux ans de la mort de Jovenel Moïse, semblent être des sucettes envoyées à des enfants pour les calmer en attendant de trouver de meilleures solutions.
La justice, dans le cadre de ce dossier, s’est déjà heurtée à la toute-puissance de certains citoyens au sommet de l’État, parmi lesquels, Ariel Henry qui s’est même vu être l’objet d’une interdiction de départ demandée par le Commissaire du gouvernement Claude Bedford, au juge Gary Orélien qui était alors en charge de l’affaire. Jusqu’ici, le Premier Ministre n’a jamais répondu à aucune question sur cette affaire et Claude Bedford a été expulsé du parquet.
Des juges qui se font intimider pour bloquer des dossiers est une affaire courante. C’est l’une des raisons qui a transformé le cabinet d’instruction en Grand cimetière de dossiers. La situation de violence ambiante aidant, les mafieux trouvent un terrain fertile à leurs pratiques déviantes et peuvent manœuvrer en toute impunité. Le silence suspect sur l’empoisonnement du juge Jean Serge Joseph, alors doyen du tribunal de première instance de Port-au-Prince, montre clairement que les juges évoluent en terrain dangereux.
Dire que les vieux mafieux qui contrôlent la République ont également fait main basse sur le système judiciaire est un euphémisme. L’Affaire Jovenel Moïse a terni de nombreux secteurs y compris la Justice. Ce crime odieux reste dans la mémoire collective comme un avertissement de la mafia aux imprudents qui font obstacle à la bonne marche de ses affaires.
La réalisation de ce procès sur la mort du président qui parait, de plus en plus hypothétique, serait un grand coup qui mettrait définitivement dans les cordes certains « Parrains » comme ce fut le cas avec le maxi procès de la mafia sicilienne en 1980 ou 475 personnalités avaient dû comparaitre devant le tribunal criminel.
Les organisations des droits humains comme le RNDDH, ont mis l’accent sur les problèmes de moyen adéquat auquel fait face le juge Voltaire dans le cadre de cette enquête. Sa sécurité est également un problème majeur qui le rend vulnérable par rapport aux individus qu’il est appelé à auditionner. Tout ceci concourt à casser cette velléité affichée du juge à avancer dans cette affaire. Le magistrat Voltaire fonce droit dans un mur.
Les passe-droits dont jouissent certaines personnalités empêchent la justice de les traquer et de faire la lumière sur certains dossiers qui paralysent la République. C’est un fait. Le refus de Fednel Monchéry de répondre aux questions du Juge Jean Wilner Morin sur le massacre de Lasaline et plus récemment le ministre des Finances qui a usé de son pouvoir pour éviter de se présenter au cabinet du juge Marthel Jean Claude, sont symptomatiques de la faiblesse du système judiciaire et de l’impuissance des juges face à certaines personnalités.
Le dénouement du feuilleton Jovenel Moïse est donc loin d’être acté. En attendant, sa famille boude et ses partisans se mobilisent. La mise en scène du juge Walter W. Voltaire reste une énième pavée dans la marre. Jusqu’où peuvent aller les oscillations ? Les prochains jours apporteront surement des éclaircies. Vivement la semaine prochaine !
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