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Les douze ratés d’Ariel !

Faire un bilan des deux ans  du gouvernement d’Ariel Henry serait une tâche ardue comme rechercher une aiguille dans une botte de foin. Lui-même ne sait pas ce qu’il a réalisé. La raison est toute simple, le Premier ministre n’a aucun agenda. Personne ne connait sa mission. A Métronome, au lieu de lui inventer un document de politique générale comme se plait à le faire d’autres médias, nous avons opté pour mesurer les deux ans de nous attarder sur douze priorités de la population qui ne sont certes pas, au regard des faits, celle de la coalition au pouvoir et de M. Henry. Deux ans après, nous en sommes là. A bafouiller et à cafouiller. Et c’est dommage !

Bonne lecture !

Insécurité

Ariel Henry à maintes reprises, avait annoncé des améliorations dans la question de la sécurité. Il promettait de s’atteler à récupérer les territoires perdus. Après deux ans de gouvernance, le kidnapping continue et l’insécurité s’est exportée à d’autres territoires (Source-Matelas, Cabaret…). L’inertie du gouvernement et les actions des gangs en plein jour, en toute quiétude, portent à croire que ces bandes armées servent une cause, celle d’Ariel, en lui fournissant un argument de plus pour rester au sommet de l’État.  En effet, le discours à la mode, les conditions ne sont pas réunies pour des élections est un paravent qui cache mal les intentions réelles de la coalition au pouvoir.

Infrastructures

Jovenel Moïse avait lancé la Caravane du changement, un projet allègrement décrié par ses opposants qui y voyaient un couloir pour dilapider les fonds de l’État.  Bon gré mal gré, grâce à la Caravane, de nombreux travaux d’infrastructures avaient été lancés. Depuis l’avènement d’Ariel, ces travaux qui, pour certains, devaient faciliter le déplacement des personnes et des marchandises sont délaissés. Le Ministère des Travaux publics confiés aux socio-démocrates de la Fusion est d’une inefficacité ineffable. C’est l’un des plus grand ratés du gouvernement qui n’arrivent même pas à entreprendre des travaux d’entretien mineur sur les routes de la zone métropolitaine. Aucun grand chantier, ne peut être mis à leur actif durant ces deux ans. Pourtant, le niveau de développement d’un peuple se mesure par la qualité de ses infrastructures n’est-ce pas ? Rosemond Pradel est une catastrophe sonore qui met à nu la médiocrité des anciens opposants et cette sécheresse préjudiciable de pensées nouvelles et d’innovations de ces prétendants permanents à la magistrature suprême.

Agriculture

Parler de l’Agriculture sous le règne de M. Henry est une gageure.  C’est peut-être le secteur qui a souffert le plus de l’irresponsabilité de la coalition SDP, Fusion, «  Tèt Kale » et alliés qui se partagent le pouvoir. Depuis près de deux ans, les paysans de la vallée de l’Artibonite voient leurs terres être contrôlées par des bandits qui décident de l’issue de la production. Dans les autres départements, avec le contrôle sans partage qu’exercent les gangs armés sur les autoroutes, les paysans qui arrivent quand bien même, malgré la non disponibilité des engrais et des autres intrants agricoles, à assurer un semblant de production, sont dans l’incapacité quasi totale de les rendre disponibles dans les grands centres urbains, pour s’assurer d’un minimum de revenus devant les permettre de renouveler leur force de travail. C’est le chaos total !

Santé

Un ministre de la santé publique, lui-même malade et qui se soigne à l’étranger, le système sanitaire est en lambeau.  Tous les hôpitaux publics fonctionnent au ralenti. Ils sont pour la plupart pillés de leurs matériels et confrontés aux problèmes de moyens, après avoir fait face à une kyrielle de grèves du personnel hospitalier et des problèmes liés au rationnement du courant électrique qui, pendant un certain temps, les ont forcé à réduire leurs horaires de fonctionnement. Il n’est pas rare, durant le règne de Monsieur Henry, de voir des médecins en salle d’opération faire des interventions chirurgicales à la lueur des téléphones portables ou des lampes électriques. Une situation qui n’inquiète pas Hans Larsen qui, en toute quiétude, voyage et se soigne au frais de la République, dans les grands centres hospitaliers à l’étranger.

Dialogue

Ariel Henry avait appelé les acteurs politiques, dès le début de son règne, à dialoguer pour trouver une issue à la crise. C’aurait été une noble intention, s’il était sincère. Pourtant tout porte à croire que M. Henry ne croit nullement au bienfait de ce dialogue qu’il prône à chaque prise de parole. Le roi serait au-dessus de tout compromis. C’est lui qui doit imposer les conditions du dialogue. Chacun des pourparlers planifiés, a échoué avant même d’être entamé, à cause du zèle démesuré de ses alliés. Le dernier fiasco en date, le rendez-vous de la Jamaïque  a étalé au grand jour toute la cupidité de l’équipe d’Ariel qui, de surcroît a permis à cette classe politique désuète d’afficher, aux yeux du monde, une fois de plus, une fois de trop, toute sa laideur. Les rendez-vous manqués entre des politiques sans légitimité, ni popularité, et qui font peu état du bien-être commun, se multiplient alors que le pays s’enfonce dans la crise. Le bal des rendez-vous manqués risque de continuer si le chef du gouvernement ainsi que ces rivaux ne se ressaisissent pas pour au moins offrir un moment de répit à la population.

Élections

Ariel Henry est clair. Pour le remplacer, il faut passer par des élections. Mais quand ? C’est la question qui revient aujourd’hui dans les cercles discursifs. En effet, rien n’est fait pour créer des conditions favorables à la tenue des scrutins devant renouveler l’équipe gouvernementale et rétablir les institutions démocratiques. L’insécurité qui gangrène le pays appauvri le citoyen qui se désintéresse de plus en plus de la chose politique. Le citoyen désengagé offre un boulevard à M. Henry qui reste quiet à la tête du pays cumulant les postes de Premier Ministre et de Président de la République. Aucun élément de l’ancienne « opposition » à Jovenel Moïse, en panne de mobilisation, n’est en mesure de contester son règne. En fait, Ariel Henry s’accroche au pouvoir, et sa volonté affichée de réaliser rapidement des élections est un leurre. La situation l’arrange ainsi que ses alliés qui se refont une santé économique au sein du gouvernement. Machiavel disait que le paramètre du pouvoir étai sa conservation. Ariel est en train de réussir car il est en train d’accomplir un mandat présidentiel, sans avoir été élu.

Justice

Avec Ariel Henry, la Justice est devenue un vrai vassal de l’Exécutif. Outre les longues grèves des greffiers, des huissiers et des magistrats qui ont paralysé pendant plusieurs mois le fonctionnement des tribunaux, ce sont les marchandages autour des rapports de certification des juges produits par le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) qui retiendront l’attention des observateurs. M. Henry, après deux rapports, n’a jugé nécessaire d’octroyer commission qu’à un juge: Bernard Sainvil, ancien doyen du TPI de Port-au-Prince.  Le magistrat, habilité à revenir au décanat du tribunal, serait investi de la terrible mission de casser certains dossiers importants qui entachent l’équipe « Têt Kale », en particulier le dossier Petro Caribe, considéré comme le plus grand scandale de corruption qu’a connu le pays.

La vie chère

Le Fonds monétaire international (FMI) félicite le Premier ministre Ariel Henry pour les performances macro-économiques de son gouvernement. C’est inquiétant! Ces performances n’ont aucune conséquence positive sur les conditions de vie de la population. La vie chère étend ses ailes, la population est appauvrie encore plus, à cause des décisions controversées de M. Henry d’augmenter les droits de douane et surtout celle d’augmenter de plus de 100% le prix des carburants qui a fait grimper à des niveaux jusqu’ici inimaginables, le prix des produits de première nécessité. Les conditions de vie se dégradent à un rythme exponentiel avec le blocus imposé par les bandes armées qui empêchent la libre circulation des marchandises. Les droits de passage qu’ils imposent impactent les prix des produits, sans compter les coûts de transports  qui explosent.

Corruption

La corruption est partout. Généralement les pouvoirs de transition sont des vaches à lait qui nourrissent les opposants d’hier. Le gouvernement d’Ariel Henry ne déroge pas à cette réalité. La Une de l’actualité est occupée en permanence par des ayant-droits du pouvoir qui, miraculeusement, s’enrichissent . Les scandales de corruption qui entachent la Caisse d’assistance sociale (CAS), sont symptomatiques du mal. Le scandale des passeports, où se mélange grande et petite corruption est une honte ; un Ministre de la Justice  ainsi que le Directeur général des Douanes impliqués dans des trafics d’armes et de minutions à grande échelle, ainsi qu’un ministre de l’Intérieur impliqué dans des cas de Kidnapping, jettent l’opprobre sur le règne d’Ariel Henry qui ressemble à un long chemin de croix pour une population déjà confrontée à un quotidien pressant et pesant.

Le Procès de Jovenel Moïse

Voilà un dossier qui aurait pu permettre à Ariel Henry de redorer son blason. Malheureusement, pendant ses deux ans de règne, alors qu’il s’est appuyé sur sa désignation par le Président défunt pour entrer à la Primature, ce dossier n’avance pas. Les juges instructeurs se succèdent pour peu, très peu de résultat. M. Henry lui-même indexé dans le cadre de ce dossier, n’a vraisemblablement aucun intérêt à le faire avancer. D’ailleurs il a boudé toutes les invitations qui lui avaient été faites dans le cadre de l’instruction du dossier après avoir révoqué le commissaire du gouvernement Claude Bedford qui avait émis une interdiction de départ à son encontre. Cette accusation est une souillure qui restera longtemps attachée à M. Henry. Encore plus, si ce procès n’a pas lieu durant sa gouvernance.

Relations internationales

Depuis quelques temps, Ariel Henry est devenu un vrai pigeon voyageur. Son goût pour les voyages s’est aiguisé au fur et à mesure que son règne avance. Toutefois, ces nombreux déplacements au frais de la République n’ont aucune retombée positive pour le pays qui continue de s’enfoncer dans la crise. Sa quête de trouver une force militaire capable de garantir son pouvoir, est devenue une obsession. De contradictions  en contradictions, Ariel avance et se couche devant les ordres, même les plus absurdes, de ses patrons de la communauté internationale, comme celui du FMI d’augmenter le prix des carburants.  Contraint de participer, malgré lui, au dialogue de la Jamaïque, Ariel Henry ne peut plus cacher qu’il est le pantin d’une internationale investit dans une nouvelle forme de colonialisme en expérimentation en Haïti.

Renforcement institutionnel

C’était également l’une des plus grandes promesses d’Ariel Henry après que le Parlement et la Cour de Cassation ont été rendus dysfonctionnels. Aujourd’hui, ce chantier, comme tous les autres, reste une ruine fumante qui attend d’être réhabilitée et/ou reconstruite. La mainmise des alliés d’Ariel sur le pouvoir montre clairement que les institutions sont assujetties et ne pourront jouer un rôle prépondérant dans la construction d’un État de droit véritable. Lequel reste une utopie, tant les maitres du pouvoir sont trempés dans des magouilles et sont devenus des délinquants notoires. La faiblesse des institutions sous le règne d’Ariel, sert donc une cause. Certes une mauvaise cause, car au milieu du vacarme ambiant, de nouveaux riches émergent et la population est oubliée dans sa misère et ses tourments.

Jean Corvington