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Lettre ouverte aux policiers d’Haïti

Soumis à Radio Métronome par Emmanuel Lambert

Lettre ouverte aux policiers d’Haïti

Mes chers compatriotes
Mes frères et sœurs

L’heure est plus que grave ! Ce matin en me réveillant comme d’habitude, je prends des nouvelles de mon pays, et à chaque fois j’ai le cœur rempli d’espoir de lire des bonnes choses bien que depuis plus de 3 ans ce n’est plus le cas. Ma première et seule lecture d’aujourd’hui concerne l’assassinat d’une camarade, une militante de droit humain par un régime sanguinaire. Encore un grand esprit qui pouvait partir, mais avait fait le choix de rester dans son pays, pour défendre ces droits, sa constitution.
Permettez-moi de dire que vous, les policiers d’Haïti, vous êtes responsables de la mort d’Antoinette Duclaire, Diego Charles, de maitre Dorval, Désilus Wislet le policier, Vladimir Legagneur, Guerby Geffrard, Pétion Rosbide…vous avez le sang des kidnapping sur vos mains.
Je sais que certains d’entre vous diront que vous n’avez tué personne, ou que vous n’étiez pas au travail pendant ces actes etc. … mais quand on fait le choix de protéger ces chiens politiques au lieu et place de protéger le peuple haïtien vous êtes responsables. Les policiers n’ont-ils pas jurés de protéger et de servir ? Avez-vous un brin de conscience, de classe pour voir que vos actes ne sont pas en adéquation avec votre devise ? Une devise qui a été pensée en vision de votre mission dans le pays où vous exercez, et ce pays c’est Haïti.
Je sais aussi que vous allez nous dire également que vous obéissez à des ordres, mais ces ordres viennent de qui, et pourquoi ? vous êtes des instruments directs, exécutant des ordres liberticides, mais Vous avez aussi une conscience, vous avez des parents, des frères et sœurs, des amis. Avant de devenir policiers avec une formation au rabais, vous étiez des citoyens lambdas et maintenant votre ennemi c’est le peuple. Quelle traitrise, pour le peuple, pour la république, notre histoire, nos ancêtres qui se sont battus pour ce pays !
Avez-vous choisi d’être policier par amour d’Haïti, pour défendre le peuple contre l’injustice et la violence, pour faire respecter les valeurs de notre pays, la liberté, l’égalité, la fraternité ou était-ce juste parce que c’est un moyen commode de trouver du travail, d’avoir la sécurité d’un emploi garanti ? Rappeler vous d’où vous venez et pourquoi vous avez choisi de devenir policier (je sais que c’est pour le salaire que la majorité d’entre vous ont choisi de devenir policier). Le fait de penser que porter une arme vous donne le sentiment de supériorité sur les autres, mais quelle supériorité ? Vous êtes des perfides, je sais qu’un jour ce gouvernement va disparaitre et qu’aucun de vous ne sera jugé pour les meurtres, les actes, les coups porter sur les étudiants, le personnel soignant, le peuple qui manifestent contre le kidnapping, la mauvaise vie, l’insécurité ou encore les méfaits des gangs armés qui sont mieux équipés que vous. Il n’y aura que votre famille qui perdra vraiment, vos protégés vont partir finir leurs vieux jours aux calmes et dans le confort.

J’espère que vous arrivez à dormir sur vos oreillers de pierres de mal consciences pendant que même vos vies ne sont pas épargnées. Vous contribuez chaque jour en protégeant ces humains inachevés de politichiens à patauger le peuple haïtien dans le peu de caca qu’ils arrivent à faire encore, vu que peu d’entre eux peine encore à manger.
Il n’y a rien de plus dure que celui qui fait semblant que tout va bien, qu’il croit qu’il sait et pourtant qui ne sait rien. Vous êtes un danger pour la société. Vous êtes des prolétaires qui sont figés seulement par la satisfaction de pouvoir manger un peu chaque jour avec un salaire de misère qui arrive au compte-goutte et de pouvoir porter un uniforme. Le pays est à ce point parce que vous y avez contribué. Des milliers de déplacer de martissant, de village de Dieu parce que vous avez contribué, il y autant d’armes dans les rues, parce que vous avez contribué.
Le sang du peuple à trop coulé, il veut simplement vivre. Vous êtes sous des ordres, mais vous pouvez aussi déposer les armes et laisser le peuple qui plus loin que vous dans les lunettes de la révolution. Arrêter de les empêcher de se défendre face à ces politichiens égotiques. Il est temps que le peuple puisse respirer, vivre au lieu de survivre. Les frustrations, la colère sociale est à son paroxysme. L’haïtien est résigné, il faut que cela cesse. Les conflits sociaux n’engendrent que des politiques de la division. L’individualisme, le sauve qui peut et la peur de l’autre deviennent les normes dans un pays anxiogène, conditionné par la lutte aveugle des classes.
Le peuple, le pays a besoin d’espérer, de croire, dans un lendemain meilleur. Et moi, J’ose prendre pour acquis qu’un jour vous serez fière de dire que vous êtes un(e) policier(e) d’Haïti. Pour cela il faut respecter la devise, vous devez protéger et servir le peuple haïtien et non les pseudos politiciens qui jouissent de leur symbolisme pour occuper des fonctions d’état. J’ose espérer que vous pouvez dire assez, c’est assez. Les bandits ne peuvent pas être mieux armés, protégés, et mieux rémunérés que nous. J’ose espérer que vous vous rappeler d’où vous venez, fils et fille de paysans, de madan sara, de famille monoparentales, des parents qui ont tous sacrifiés pour que vos vies soient différentes. J’ose espérer un jour que vous soyez de vrais humains et de vrais haïtiens, parce que votre vie et celles des autres ont de la valeur, et elles sont sacrées.

Le peuple est en train de s’étouffer et au bord du gouffre, allez-vous continuer la répression sur vos semblables parce qu’on vous a donné l’ordre ? Quel pays voulez-vous laisser à vos enfants, votre famille ?

P.s : Je suis bien obligé de sortir de ma neutralité axiologique pour écrire ce texte.

​​​​​​​​​Emmanuel Lambert
​​​​​​ Sociologue, Ing. Formation professionnelle

Jean Corvington