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Société

Mauryle Azaine, 3e lauréat du concours PJJH

Nous publions inextenso le texte avec lequel notre collaborateur Mauryle Azaine a pu décrocher la 3e place à la 4e édition du concours Prix du jeune journaliste en Haïti. C’est une histoire à la fois triste et passionnante d’une localité appelé Ti Balix située dans le Sud du pays. Bonne lecture!

Ti Balix est un quartier de la troisième section communale de Saint Jean du Sud. C’est le plus peuplé avec une population de plus 2 mille habitants. Les principales activités économiques de la zone sont la pêche, l’agriculture et l’élevage. Sur le plan infrastructurel, le quartier est dépourvu de tout. Pas de route, pas de centre de santé la population est laissée à elle-même. Pour s’approvisionner en eau, les ménages doivent parcourir plusieurs kilomètres. Un groupe de jeunes qui a grandi là-bas, a mis sur pied une organisation du nom d’Association des Jeunes de Ti Balix. Grâce aux travaux de cette organisation dans le quartier, l’eau devient accessible à tous. Azaine Mauryle y était en visite.

Une route rocailleuse, une nature verdoyante. Sur le chemin, des bruits de la mer verdâtre se font entendre. L’odeur odoriférante du vétiver répand partout et se meut au gré de la brise. L’aurore à peine vient d’eclore. Le cor a sonné. C’est l’heure de la corvée. La vie recommence. Nous sommes ici à Ti Balix, quartier situé dans la partie sud de la commune. Sous les avocatiers, une Pompe y est déjà installée par l’Association des Jeunes de Ti Balix. Pour faire le plein, des seaux sont allongés sur un mur et chacun attend son tour. Fin du calvaire s’exclama, Edeline Lafumee, mère de 3 enfants. Pour elle, l’installation de la pompe dans la zone est un don providentiel. « Je suis née ici, et j’ai aussi grandi dans cette localité. Dès mon enfance, j’ai connu les douleurs du trajet de la route. Et comme le cas pour les autres enfants de la zone, aller remplir les récipients à la rivière de porte à Lanette, était un lourd fardeau. Je remercie l’Association d’avoir pensé à la localité», s’est réjouit Mme Lafumée, sourire aux lèvres. Tout le monde s’approvisionné et s’est à ce moment que le responsable de la gestion de la pompe, Mr Yvon Mentor fait son apparition et se livre sur ce gros projet. « Franchement, les jeunes sont impayables. Ils sont nombreux ceux qui ont grandi dans la communauté, qui partent et reviennent par accident. Mais ces jeunes ont fait notre fierté. Un grand merci à l’équipe de Bertin Jocelyn », a laissé entendre, le gérant de la pompe, clés en main.

A la rencontre des responsables de l’Association des Jeunes Ti Balix

Sous un manguier, à deux doigts de la maison de Mr. Tiboss Syprès, c’est là que l’Association organise ses rencontres. Ce jour n’est pas un jour de rencontre. Mais le président, l’agronome Bertin Jocelyn était dans la zone. Coïncidence! Assis sur une chaise en paille, les pieds croisés, à cœur joie, le passionné de l’agriculture partage avec nous les raisons de la mise en place de cette organisation et les travaux déjà réalisés. « Nous sommes une organisation de plus d’une trentaine de jeunes. Ils ont tous grandi ici. Ils connaissent bien le calvaire de leurs parents, par rapport aux problèmes de l’eau. Quand je suis arrivé à la faculté d’agronomie, la première chose qui me bouleversait l’esprit c’était de voir comment aider nos parents nos frères à sortir de cette situation. C’est la raison pour laquelle j’avais rencontré tous les fils de Ti Balix pour monter cette association » a expliqué le président pour commencer. « L’Association se donnait pour objectif premier de résoudre le problème de l’eau. Nous avions mis en commun nos moyens et désormais, le quartier se dispose de deux pompes », s’est félicité le natif de Ti Balix.

Mis à part cette réponse apportée aux problèmes de l’eau, l’organisation a déjà réalisé d’autres projets dans la zone, aménagement d’un terrain de football, d’un centre de loisir, d’un cybercafé et travaille pour le moment sur le projet d’une bibliothèque et une meilleure exploitation du vétiver.

Les autorités locales saluent ces initiatives

Les différentes réalisations sont faites sans le soutien des autorités locales. Cependant, elles applaudissent l’audace et la détermination de ces jeunes. Sonette Laurent, membre du conseil de l’administration communale ne trouve pas de mots pour expliquer sa joie. « Moi quand ils m’ont informé de leur projet pour la zone, je leur ai dit que nos moyens au niveau du conseil sont très limités et que nous ne pouvons rien faire. Bon, voilà aujourd’hui la zone peut se réjouir du travail de ses fils », a lâché la responsable. Abondant dans le même sens, le maire de la commune, Joseph Estimé Dupont, Joint au téléphone, n’a pas tari d’éloges envers l’association. « C’est une contribution significative qu’ils ont apporté », a expliqué d’entrer, le premier citoyen de la commune. « Si chaque quartier avait des jeunes comme ces jeunes, il ne fait pas de doute que certains problèmes auxquels fait face la commune trouveraient déjà solution », croit comprendre le maire de la ville. Il promet de travailler avec l’organisation.

Il y a de cela quelques années, Jacques Roumain a produit et a laissé aux multiples générations, » Gouverneurs de la rosée », ce roman digne de mémoire dans lequel il raconte l’histoire de Manuel, après son vécu à Cuba, et revient au bercail en vue d’aider sa communauté, qui faisait face à une pénurie d’eau. Plus de 50 ans après, l’Association des Jeunes de Ti Balix, a réitéré la même expérience, même si les contextes sont un peu différents. Aujourd’hui, à Ti Balix, l’eau n’est plus un luxe pour les habitants. Ils ont passé du stade de pénurie à celui de suffisance. L’Association des Jeunes de Ti Balix, plus qu’une association, elle est la fierté de tout un quartier, à un moment où de nombreux jeunes laissent les pays à la recherche d’un mieux être. Deux pompes, un terrain de football, un cybercafé, un centre de loisir et le projet d’une bibliothèque en cours, cette association, symbole d’une jeunesse engagée dans le développement de sa communauté, chérit d’autres projets d’envergure au bénéfice du collectif.

Mauryle Azaine

La Rédaction