Le système alimentaire mondial confronte à des problèmes complexes comme : l’augmentation de la faim et la malnutrition dans certaines régions, les maladies liées à l’alimentation (diabète, obésité). À cela s’ajoute l’augmentation constante de la population mondiale, à qui il faut offrir une nourriture suffisante et saine dans un contexte complexe de changement climatique et épuisement des ressources naturelles. Cette année, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) met en avant le « mil », une céréale comportant de nombreuses qualités. L’Assemblée générale des Nations Unies a déclaré que l’année 2023 serait l’« Année internationale du mil». L’objectif de cette année consiste à accroître la sensibilisation aux multiples bienfaits du mil, notamment sur le plan de la nutrition et de la santé, ainsi qu’à la capacité de cette plante à pousser dans des conditions climatiques difficiles et instables. En collaboration avec d’autres organismes et organes compétents du système des Nations Unies, la FAO travaille activement pour que cette céréale et les possibilités qu’elle offre soit mieux connues du grand public.
Le terme « Mil » désigne un groupe divers de céréales, qui comprend notamment : le mil à chandelle ; le millet commun ; le millet des oiseaux ; le millet à grappe ; le petit millet ; le millet indigène ; le millet brun ; le finger millet ; le millet de Guinée ; ainsi que le fonio ; le sorgho et le teff. Le mil est une céréale à haute valeur nutritive, supérieure à celle des céréales cultivées plus couramment comme le blé, le riz et le maïs, qui contribue à la santé des animaux et des humains, en particulier celle des mères et de leurs enfants. Le mil est un produit naturel qui contient 11 pourcent de protéines, soit le même taux que le blé. Il est riche en vitamines B, acide folique, calcium, fer, potassium, magnésium et phosphore. Manger du mil le matin est très conseillé en nutrition car c’est un aliment qui se digère facilement. Le mil a été l’une des premières plantes domestiquées et constitue la culture de base traditionnelle de millions d’agriculteurs dans le monde. Il peut être cultivé sur des sols pauvres, avec peu d’intrants. Cette culture est résistante ou tolérante à de nombreux ravageurs (pucerons jaunes) et à de nombreuses maladies (moisissures, charbon) et peut survivre dans des conditions climatiques défavorables, notamment la sécheresse.
Selon l’Institut international de recherche agricole dans les régions tropicales semi-arides (ICRISAT), plus de 90 millions de personnes dépendent du mil pour se nourrir. Toutefois, dans les 50 dernières années, ces familles de céréales ont été en grande partie abandonnées au profit de cultures plus commerciales comme le maïs, le blé, le riz et le soja. En Haiti, le sorgho est une des variétés de mil communément appellé petit mil qui est cultivé avec d’autres céréales comme le riz et le maïs. Pouvant contribuer grandement à la sécurité alimentaire du pays à cause de sa haute teneur nutritionnelle, une baisse a cependant été observée dans la quantité des superficies de petit mil cultivées qui sont passées de 200 000 ha dans les années 1980 à 20 000 ha en 2012. Toutefois, selon le rapport de consultation « Haiti :Innovation agricole-clés » des efforts sont développés depuis 2017 pour la production d’une variété de petit mil nommée « PA PÈ PICHON ».Ce terme est utilisé : « pour désigner la variété mise en place pour résister au puceron jaune, actuellement en cours de diffusion au grand public, est issue d’une sélection méticuleuse à partir de plus de 200 lignées de sorgho toutes résistantes aux pucerons, et à 80% résistantes à la verse» .
En Haiti, selon le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), publié en janvier 2023 par la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (CNSA), « 4,9 millions de personnes sont en insécurité alimentaire aiguë et nécessitent urgemment une assistance humanitaire pour la période de mars à juin 2023 ». Il est plus que jamais temps de libérer le potentiel considérable du petit mil, qui constitue un aliment nutritif abordable, un composant intéressant d’une alimentation saine à l’échelle mondiale et une culture susceptible de résister au changement climatique.
Pour nous à la FAO en Haïti, l’année internationale du mil est l’occasion de mettre en lumière les bienfaits de cette céréale en vue de l’amélioration de la production, de la nutrition, de l’environnement et des conditions de vie des populations. Cette culture peut devenir essentielle au sein des systèmes alimentaires mondiaux, susceptible d’améliorer les moyens d’existence des petits agriculteurs, mais aussi la nutrition et l’environnement. Tout au long de cette année, la FAO entend renforcer l’interaction globale entre science et action publique, donner aux parties prenantes les moyens d’agir et permettre de nouer de nouveaux partenariats, tout en développant ceux qui existent déjà.
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