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Editorial

Haïti-Justice : le juge Walter Wesser Voltaire lance l’opération lavage à pression !

Walter Wesser Voltaire, cinquième juge d’instruction qui s’occupe du dossier de l’assassinat de Jovenel Moïse, a décidé d’auditionner à titre de témoins, Ariel Henry et d’autres responsables du gouvernement. Une décision qui, en temps normal, aurait reçu une salve d’applaudissement. Pourtant, l’opinion reste prudente et questionne l’opportunité d’une telle démarche, quelques jours seulement après l’annonce des autorités kenyanes de prendre les commandes d’une force internationale en Haïti.

Surprenante ! Cette décision parait intéressée et s’inscrit dans cette dynamique de blanchir certains acteurs impliqués dans l’assassinat de l’ex-président. Le juge Voltaire qui est un allié inconditionnel du Doyen du Tribunal de Première instance de Port-au-Prince, Bernard Saint-vil, n’a jamais participé à une assemblée des juges depuis l’absence du magistrat Saint-vil au décanat. Un comportement inacceptable qui a alimenté les conflits et la polarisation des magistrats, notamment dans un contexte où le nouveau doyen est perçu comme un fossoyeur à la charge du pouvoir, chargé d’enterrer les dossiers au cabinet d’instruction.

Certains faits sont troublants et ne jouent pas en faveur du Juge Voltaire. En charge du dossier depuis mai 2022, celui-ci avait invité, en avril 2023, des personnalités du pouvoir, comme Ricard Pierre, indexées par la clameur publique comme étant les fomenteurs de ce complot qui a  emporté Jovenel Moïse. Ils ont tous copieusement boudé cette invitation. Depuis rien n’a été fait. L’ajout du nom d’Ariel Henry sur cette liste de témoins, attise la curiosité. Tout laisse croire que le juge n’est pas libre de ses convictions, encore moins de ses actes. Plus ce dossier avance, plus la justice semble être faible et joue ce rôle hideux de serviteurs d’une autocratie essoufflée.

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Le juge Wesser dont les rapports avec l’ex-doyen ai, Chavannes Étienne, honni par le pouvoir, n’ont pas été trop cordiaux, à la fin des trois mois prévus par le Code procédure civile comme délai d’instruction, s’est donné un rallonge, via une ordonnance qu’il a prise et qu’il n’a communiquée à personne. Dans cette ordonnance, il explique qu’il avait passé deux mois sans avoir accès au dossier. Une décision encore controversée, vu que le magistrat n’a jamais jugé nécessaire de s’adresser au doyen Étienne pour faire part de ses préoccupations. Un doyen qui s’est fait une réputation en distribuant les dossiers des délinquants proche du pouvoir à des juges intransigeants et qui jouissent d’un minimum de « crédibilité. »

Les controverses dans le déroulement de l’instruction de ce dossier qui passionne la République tendent  à consolider cette tendance de « gouvernement d’hommes irresponsables » qui pérennise la transition et qui enfonce le pays dans une crise aux issues incertaines. Cette vaste opération visant à blanchir les tenants du pouvoir est, par conséquent, cynique. Elle doit nécessairement permettre à Ariel Henry et consort de se présenter comme des figures acceptables pour continuer la transition. Une transition qui, pourtant, a échoué dans les grandes largeurs.

Comme pseudo-arguments, le Juge Voltaire veut faire croire à l’opinion qu’il est en train de tester la bonne foi des membres du gouvernement de faire avancer le dossier. La question qui fâche, est-il lui-même de bonne foi ?  En effet, ce n’est pas la première fois que des membres de ce gouvernement ont été invités par des juges afin que lumière soit faite sur certains dossiers brulants. Ils ont boudé toutes les invitations y compris celles du juge Voltaire lui-même, citées plus haut.

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À ce tire, il convient de rappeler le refus du Ministre de l’Économie et des Finances, Michel  Patrick Bois-Vert, de se présenter devant le juge Marthel Joseph, dans le cadre du dossier de trafic d’armes et de minutions impliquant l’Église épiscopale d’Haïti. C’est également le cas du ministre des Affaires Sociales, Ricot Jean Pierre, qui a refusé de se présenter devant le juge Jean Wilner Morin qui a déjà, dans le cadre de son instruction dans le vaste dossier de corruption à la Caisse d’assistance sociale, inculpé la directrice, Edwiin Tonton, écrouée au commissariat de Delmas 33.

Cette vaste opération de lavage à pression pour refaire l’image dégradée d’Ariel Henry ouvre pourtant des brèches dans lesquelles risquent de se faufiler ses « opposants » ou du moins, ceux qui « ne travaillent pas dans le pouvoir ». Ils réclameront, et à juste titre, la démission de M. Henry, afin qu’il puisse se présenter devant le juge comme un simple citoyen. Car son statut risque d’être trop pesant pour le magistrat dans un contexte exceptionnel où le Premier ministre est l’autorité de nomination des juges.

Dans ce jeu de malin et de coquin, la République risque de connaitre encore de nouvelles journées de tension et les lois risquent d’être bafouées. Et cette fois, ce ne sera pas par hasard !

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Jean Corvington
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