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Editorial

Haïti-Violences policières : la dernière cartouche d’Ariel !

Le 7 février est passé. Il n y a pas eu de révolution. Mais la population est quand même sortie dans la rue crachée sa colère, et rejetée en bloc le comportement irresponsable d’Ariel Henry. Elle s’est heurtée à une police, pour une fois impliquée, mobilisée dans sa toute-puissance pour défendre le pouvoir.

Des morts, il y en a eu. Des blessés aussi. Au final, la police s’est distinguée lors de ces journées de mobilisation, par sa brutalité exceptionnelle. Et cette proportion toujours grandissante à casser les mouvements de contestations populaires.

Les journalistes ont été dans cette campagne anti-contestation, les principales cibles des forces dits de l’ordre. Bastonnade. Destruction de matériels, et pour couronner le tout, visé par des tirs de bonbonne de gaz lacrymogène, le journaliste Jean Jean Marc touché au visage, a perdu son œil gauche.

Cette étonnante brutalité de la PNH, dans tous les départements du pays et toutes les villes où il y a eu des mouvements de contestation, tranche avec cette faiblesse de l’institution et les problèmes d’équipements vendus comme excuses pour éviter de sévir contre les gangs qui occupent la Capitale et les autres régions du pays.

De manière collective, les policiers ont montré un niveau de dangerosité et d’agressivité, jamais vu depuis plusieurs décennies. Les méthodes pour le moins illicites utilisées par la PNH pour ne pas dire meurtrières, ont violé les libertés de réunion et d’expression des citoyens gazés à volonté, à chaque début d’attroupement pour casser l’élan des manifestants et saper leur courage.

L’usage d’arme létale au milieu de la foule témoigne de cette volonté du pouvoir de  défendre par tous les moyens ses positions. Moïse Jean Charles, Claude Joseph et bien d’autres chefs de file de ces rassemblements ont été des témoins privilégiés des exactions de la PNH et de cette puissance de feu meurtrière.

Cet usage disproportionné, brutal et violent de la force a indubitablement été guidé par les consignes politiques. 72 heures avant, la PNH était déjà sur pied de guerre. Le pouvoir avait décidé, en ce 7 février qui marque la fin de sa mission, d’envoyer un signal clair à ses opposants. Et la PNH a été, malheureusement, le canal par lequel ce message est arrivé. La Police, en violant les droits des manifestants donnent l’impression de s’approprier de la cause de l’équipe d’Ariel Henry.

Cette montée intempestive de la violence policière pour réprimer les contestations de rue participent donc de la stratégie du pouvoir d’installer un climat de terreur capable de casser les velléités de ses plus intrépides opposants. Ces violences enregistrées lors de ces journées de colère n’est que l’expression de cette violence systémique exercée au quotidien en Haïti contre les populations pauvres qui sont souvent la cible des policiers au service des groupes dominants.

Face à ce déferlement de comportements déviants des agents de police couverts par le pouvoir, les voix des organisations de la société civile qui s’élèvent pour les dénoncer paraissent bien frêles. Toutefois, cette attitude n’est pas sans conséquence. La PNH est de plus en plus honnie. Le silence de son Directeur général n’arrange en rien l’image d’institution faillie que projette la Police infiltrée par les gangs au service de l’oligarchie.

Et cette solidarité manifestée dans certains départements avec les agents de la Brigade de sécurité des aires protégées (BSAP) est une construction maladroite du gouvernement. Elle est également la résultante de la nonchalance de la Police et de son refus systématique de répondre  à sa mission de « Protéger et servir. »

. La méfiance à l’endroit de la Police trouve ainsi sa justification et débouche sur un refus systématique des citoyens de collaborer avec une institution qui est toujours au service de ses bourreaux. S’il est vrai qu’aujourd’hui la PNH ne protège personne contre la violence des gangs armés, d’autres inquiétudes surgissent. Face à la délinquance d’État comment et qui peut protéger la population de la Police ?

Jean Corvington