Nos politiques pataugent dans la boue. La Jamaïque a été une nouvelle scène d’exposition de leur laideur. Un autre échec. Une autre honte majuscule. La République ne s’attendait à rien. Et de fait il n y a rien eu. La culture du dialogue s’est fracturée depuis longtemps contre le mur des intérêts malsains. Les viles quêtes de pouvoir ont cassé les liens entre les politiques et la population.
Certains acteurs de ce dialogue organisé sous le label de la CARICOM ont voulu faire croire à leur bonne foi. Mais ce n’était qu’un écran de fumée. Il n y avait aucune volonté réelle de sortir de ces assises avec un consensus. Deux motivations guidaient les participants : le partage des postes à pouvoir au gouvernement et la volonté de faire croire à l’international qu’ils étaient ouverts au dialogue. Les négociations s’étaient donc enlisées avant même d’avoir commencé.
Le fameux dialogue de la Jamaïque n’était nullement un espace aménagé pour discuter des problèmes d’Haïti, mais plutôt pour discuter de la division du pouvoir entre les protagonistes. L’absence d’engagement des acteurs, montre clairement qu’il ne s’agissait pas de résoudre la crise qui mine l’existence des Haïtiens, mais bien de se positionner au cœur du gouvernement pour préparer les échéances électorales et nourrir ses bases.
Au fait, pour qu’il y ait négociation, il fallait avoir des contradictions. Or, nous sommes face à des politiques qui n’ont jamais exprimé d’idée contraire depuis l’avènement d’Ariel Henry au sommet du pouvoir. L’on a trop souvent tendance à oublier que l’opposition est une force de proposition. Jusqu’ici, aucun groupement politique n’a présenté un projet de société qui exprime son orientation idéologique comme alternative à la non-proposition de M. Henry.
Dans ce nouveau contexte politique fait de crises diverses, l’incapacité des uns à exprimer des idées nouvelles et la témérité des autres à vouloir se maintenir au pouvoir malgré leur échec dans la résolution des problèmes du pays constitue une preuve de plus de la mauvaise foi des acteurs. Leur désintérêt des calvaires de la population est criminel. Les assises de la Jamaïque n’ont été qu’une confrontation malhonnête entre deux groupes dont les agendas ont dès le départ exclu la population.
Il n’y a point d’honneur à faire de la politique dans ce pays. Les quelques pas de danse entre Edmonde Supplice Beauzile investit dans une lutte acharnée de conservation des positions de la Fusion des Socio-démocrates au sein du gouvernement, et Emmanuel Ménard, Makout déchu, réhabilité par le pouvoir PHTK qui, aujourd’hui, s’érige en fervent défenseur d’un groupe d’opposition en mal de paraitre, montre toute l’hypocrisie qui caractérise cette pseudo opposition essoufflée.
L’absence de vision et la volonté de pérenniser la crise pour mieux négocier ou pour conserver le pouvoir est cynique. Jamaïque aura donc été une énième humiliation pour un pays dont les élites politiques ne cessent d’exposer leur cupidité et boulimie du pouvoir. Pour preuve, aucune des propositions faites n’a pris en compte les problèmes du pays.
À bien regarder, la « kokoratisation » de la politique est un projet qui sert une cause particulière. Au départ, elle permet d’exclure les cadres et autres citoyens formés et honnêtes qui auraient voulu apporter une contribution dans le renouveau de la Nation. À la fin, elle fait obstacle à tout processus de renouvellement de cette classe politique désuète et extrêmement limitée.
Alors que le sceptre de la guerre civile est brandie çà et là dans les grands forums internationaux pour exprimer l’urgence qui caractérise le problème d’Haïti, et que la vie chère explose, le chômage bat des records, nos politiques continuent d’afficher leur détachement d’avec la réalité. L’impasse continue. La défaillance des acteurs impliqués dans le dialogue de la Jamaïque a été exposée. Dans cette confusion totale, le peuple a au moins pris conscience que ses problèmes n’ont pas été pris en compte et que la solution, à son mal, devrait venir d’ailleurs.
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