Le pays se meurt. L’état fuit des zones de la Capitale contrôlées par les bandits. Les grands centres commerciaux sont tous fermés. À cette situation, pour le moins compliquée, s’ajoute une grève évitable des employés à la Direction Générale des Impôts (DGI), en début de l’année fiscale, qui casse toutes les prévisions de recettes de l’État. Si les promesses des grévistes de respecter une trêve pour relancer la machine fait naitre une lueur d’espoir, l’attitude cavalière des hauts responsables fait craindre d’autres moments de tension intense.
Les impôts, droits et taxes qui doivent être collectés par la DGI et la Douane durant l’exercice fiscale 2024-2025, s’élèvent à 215 689 200 000 de gourdes. Comme généralement les dons restent des promesses non tenues, respecter les prévisions faites dans ce budget, s’annonce difficile voire impossible pendant cet exercice. La situation politique et sécuritaire n’aide pas non plus, car les dirigeants, trop occupés dans leur querelle de chef, conduisent le pays tout droit au fond de l’abîme.
En effet, depuis plusieurs semaines les grands cargos qui avaient l’habitude de débarquer des marchandises en Haïti ont décidé de suspendre leurs activités en raison du kidnapping de plusieurs marins en pleine mer, dans la rade de Port-au-Prince. Une situation qui prive le pays des droits de Douanes indispensables pour assurer le fonctionnement de l’appareil d’État. Plus grave encore, ce refus des grands navires de fréquenter les ports haïtiens, accentue l’inflation et la misère de la population.
Au moment où les relations avec la République dominicaine sont au plus bas, avec les vagues spectaculaires de déportation de nos compatriotes dans des conditions inhumaines, le pays devient plus dépendant des produits venant de son indésirable voisin. Avec pratiquement toutes les zones agricoles contrôlées ou coupées de la capitale par des bandes armées, la production agricole nationale devenue une peau de chagrin, les Haïtiens sont consumés par les flammes de cette crise étatique et sociale programmée.
Haïti est de plus en plus pauvre. Avec les sanctions contre certaines personnalités, l’insécurité et le refus des bateaux d’accoster, les exportations qui reposaient en grande partie sur le textile, sont en chute libre. L’arrivé de Lesly Voltaire à la tête du Conseil présidentiel de transition, avec son attitude belliqueuse, fait craindre le pire. Dans ses priorités, aucune solution concrète pour réduire la dépendance du pays. La réforme du champ économique, tributaire du cadre politique et social, qui devait être initiée par ce pouvoir de transition, se heurte à des obstacles majeurs.
Incapable d’attirer des Capitaux internationaux, Haïti est aussi incapable de stimuler l’investissement endogène. Aujourd’hui, le pays est à la fois l’otage des gangs qui contrôlent certaines parties du territoire, également de l’irresponsabilité désobligeante de ses hommes dits d’État aveuglés par l’ornière du pouvoir qui les empêche de voir la situation exécrable de la population. Une population dont la mise à mort est actée par les décisions irresponsables des autorités au milieu de ce chaos planifié, vécu au quotidien.
L’indignation collective devant les dérapages injustifiables au sommet de l’État est donc récurrente. Au cœur de cette tempête nationale, les dirigeants ont une posture politique à adopter pour, au moins, redonner leur dignité, à une population qui lutte vainement pour survivre. Les Haïtiens sont des victimes collatérales de cette guerre de chefs. La gestion machiavélique du pouvoir, unanimement dénoncée, ne peut plus être une option. Les politiques placés au cœur du pouvoir ont pour obligation de se relever de cette indignité qu’ils ont eux-mêmes créée pour se placer à la hauteur de leur fonction.
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